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15ème dimanche du Temps Ordinaire – Année B (Mc 6, 7-13)

14 juillet.

            Les Lectures de ce jour nous enseignent sur la mission. Elles nous enseignent profondément sur la manière de porter le message à nos frères et à nos sœurs.

Le message doit être porté aux autres, c’est un fait, mais comment ? On ne peut l’apprendre que de Jésus en personne.

L’initiation que nous propose Jésus ce matin est rude. Il faut que le disciple se présente dépouillé et démuni devant la Parole qu’il apporte et devant ceux à qui il l’adresse.

Il doit être non seulement le serviteur de la Parole, mais aussi pour ainsi dire, le mendiant de la parole. Le missionnaire chrétien ne doit rien avoir pour éblouir les autres, pour les impressionner, ou pour peser tant soit peu sur la foi des autres.

La puissance de la Parole de Dieu est incompatible avec les artifices humains, elle a juste besoin de notre humilité et de notre dénuement. Elle ne revêt toute sa dignité et toute son ampleur que dans le cœur de celui dont elle est toute la richesse, la seule richesse.

Lorsque le disciple se livre ainsi à la suite de Jésus, il reçoit la puissance de Jésus en lui qui est toute sa richesse, et cette puissance, c’est la Parole de Dieu et le pouvoir sur le mal.

Certes, dans la vie de chacun de nous, il arrive parfois que la grâce se serve de nos efficacités humaines, de nos capacités, de nos richesses… mais seulement de façon secondaire.

La grâce ne s’appuie pas sur nos capacités humaines, la grâce ne jaillit pas de nos qualités intellectuelles, morales ou professionnelles.

L’argent, le prestige, le pouvoir, sont autant de tentations et de pièges pour l’Église qui est destinée au grand dépouillement du Mystère pascal.

Le fait de ne porter avec soi aucune nourriture et aucune somme d’argent, ni même aucun sac pour accumuler ce que l’on pourrait recevoir, n’est pas présenté comme une manifestation de pauvreté ou d’ascèse, mais plutôt comme une manifestation de confiance en Dieu et d’ouverture à la solidarité humaine. 

Le Christ n’épargne même pas à ses disciples le plus grand dénuement qui soit, celui de l’expérience du péché. Car le péché, dans un cœur contrit et humilié, est source de miracles. Il provoque la miséricorde et peut nous livrer définitivement à l’amour. Sans doute est-il même le dénuement qui seul peut conduire l’homme à se livrer à l’amour et permettre au Christ de se communiquer aux autres.

Quel que soit le chemin de notre pauvreté personnelle, c’est toujours comme des pauvres, désencombrés du monde et de nous-mêmes, que Jésus nous institue comme missionnaires.

Annoncer Jésus-Christ fait certes partie de l’être baptismal, mais le « missionnaire » selon l’Évangile doit sans cesse approfondir son humilité devant le Mystère, sans renoncer pour autant à sa foi, ou à la certitude que ce en quoi il croit pourrait donner du bonheur à ses frères. Confiance et humilité !

Cette expérience apprend au missionnaire l’honnêteté intellectuelle, c’est-à-dire non pas répéter comme un perroquet l’enseignement de l’Église, mais employer des mots qui reflètent à la fois la fidélité au Mystère, l’expérience humaine et l’écoute des hommes.

La pauvreté spirituelle, humaine, matérielle aussi, apprend à prier et à demeurer dans le silence de Dieu, c’est là que le chrétien découvre les mots à dire à ses frères, des mots qui ne soient ni arrogants ni vides, mais des mots ajustés à l’interlocuteur, des mots à la fois confiants et humbles. Si le centre de notre vie est le silence même de Dieu, alors seulement nous saurons où finit le langage de la proclamation et où commence le silence du chercheur de Dieu ; nous saurons quand proclamer et quand nous taire.

Rendons-lui grâce : notre pauvreté n’est pas un obstacle, elle est même le seul chemin, l’unique voie et la béatitude qui rend disponible pour les merveilles de Dieu. Ce qui est folie pour le monde, ce qui est faible, ce qui est méprisé, ce qui n’est pas, Dieu l’a choisi pour réduire à rien ce qui est. C’est par et dans ce dénuement que nous sommes dans le Christ Jésus, la gloire du Père.

Puissions-nous trouver dans la nourriture eucharistique la force d’être fidèles à notre humble mission prophétique !