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15 août 2024.

Assomption (Lc 1, 39-56)

Frères et sœurs, nous ne savons pas à quel âge Marie s’est endormie, à quel âge elle a été « élevée corps et âme à la gloire céleste » (comme dit le pape Pie XII). L’iconographie ne la représente jamais comme une femme âgée, rassasiée de jours. La dernière mention de Marie dans la Bible se trouve au moment de la Pentecôte. Depuis, sa vie reste un mystère, de même que sa mort. Sans doute, comme chaque être humain, elle a dû vieillir et affronter des difficultés de la vieillesse.

Mais avant de devenir une femme mûre, elle a vécu tous les stades de notre vie, avec ses joies et ses épreuves, en cherchant à accomplir la volonté de Dieu. Elle n’était pas un être céleste, dématérialisé, solitaire, suspendu dans les nuages et entouré des anges, comme sur des tableaux représentants l’Assomption, mais une femme en chair et en os, les pieds sur terre, bien ancrée dans la vie. Un des signes de cet ancrage dans la réalité, dans la vie sociale, est le fait qu’elle avait des amies. À plusieurs reprises la Bible nous montre Marie en compagnie d’autres femmes, ses amies, comme par exemple au pied de la croix, avec Marie Madeleine et Marie, femme de Cléophas. Assurément, elle savait leur parler, les écouter, travailler avec elles, leur montrer son affection et la recevoir en retour.

L’évangile d’aujourd’hui nous décrit une rencontre de Marie avec une autre femme. Après l’annonciation, où elle a dit « oui » à Dieu par l’intermédiaire de l’ange Gabriel (ce qui montre qu’elle n’avait pas peur de nouveaux défis) ; grâce à sa foi, Marie prend la décision de se rendre toute seule chez Elisabeth, sa cousine. Elle entre chez elle et la salue. À entendre Marie, Élisabeth perçoit que son enfant tressaille de joie dans son sein. Par ses paroles, son sourire peut-être, Marie a révélé le meilleur de ce que cette femme âgée portait en elle sans se douter vraiment de tout le trésor qui l’habitait. Mais cette révélation est réciproque. Élisabeth, elle aussi révèle à Marie l’incroyable richesse qui l’habite : elle est bénie entre toutes les femmes et le fruit de ses entrailles est béni.

Marie est bénie parce qu’elle porte en elle, dans son corps, le Béni, Jésus, et parce qu’elle est remplie de Dieu, de l’Esprit Saint. La fête et l’Évangile d’aujourd’hui nous rappellent la dignité du corps humain. Il est fait pour être habité par Dieu, il est le temple de Dieu, comme le dit S. Paul dans 1Co 6, 19. Son destin c’est la gloire de Dieu. Dans la Trinité, dans les profondeurs du cœur divin, dans son intimité, il y a déjà le corps d’un homme, Jésus, et le corps d’une femme, Marie. Et les nôtres y seront aussi en son temps.

Marie est bénie aussi parce qu’il y a une cohérence, une harmonie dans sa vie, une unité entre ses désirs, ses paroles, ses actes, ses décisions, ses convictions. C’est pourquoi, elle a de l’autorité naturelle, un leadership. C’est ce charisme, cette solidité intérieure, qui font qu’Élisabeth se sent bien en sa présence, qu’elle se sent libre, en sécurité, en paix.
Dans le chant de louange qui suit, dans le Magnificat, Marie rend grâce au Seigneur pour les merveilles qu’il a fait pour elle. Elle sait que sa vie est un cadeau reçu de Dieu, un cadeau pour elle et pour les autres, pour nous et pour Dieu lui-même. Elle est remplie de reconnaissance pour ce cadeau.

Le chant de Marie nous rappelle aussi le contexte dans lequel elle se trouve : des injustices, des inégalités sociales, des souffrances, la pauvreté, sans parler de la condition de la femme à l’époque. C’est dans ce contexte que Marie devient une apôtre de la liberté, de la justice. Son chant exprime une confiance en Dieu et une espérance que notre monde peut devenir meilleur. Née dans une famille pauvre, elle et son mari Joseph, ont sensibilisé Jésus à la souffrance de ceux qui sont marginalisés par la société, exclus, malades, pauvres, abusés, exploités.

Frères et sœurs, nous ne savons pas à quel âge Marie a été « élevée corps et âme à la gloire céleste », mais nous savons que sa vie a été une offrande à Dieu, une vie évangélique. C’est pourquoi elle peut devenir un modèle pour nous, femmes ou hommes, jeunes ou plus âgés.

Sa vie nous montre qu’elle a été une femme solide, fiable, forte intérieurement, responsable, résiliente et courageuse. Elle prenait des décisions en harmonie avec sa foi, des décisions qui la rendaient libre. Elle cherchait à rendre la dignité aux humiliés et à révéler aux autres le meilleur d’eux-mêmes. Et elle a réalisé sa mission jusqu’au bout. Aujourd’hui, elle peut devenir aussi notre soutien, notre secours, notre amie, sur notre chemin vers les cieux.