14 janvier 2025.
Commentaire RB 58, 17-23
17 Celui qu’on va recevoir parmi les frères promet devant tous, dans l’oratoire, de rester toujours dans la communauté 1, de vivre maintenant en moine, et d’obéir.
18 Il fait cette promesse devant Dieu et devant les saints. Alors, s’il lui arrive de se conduire autrement, il doit le savoir : le Dieu dont il se moque le condamnera (Galates 6,7).
19 Il fait sa promesse par écrit au nom des saints qui ont leurs reliques à cet endroit, et au nom de l’abbé présent.
20 Cette promesse, il l’écrit lui-même de sa main. S’il est illettré, il demande à un autre de l’écrire pour lui. Le novice trace un signe sur sa promesse et il la met lui-même sur l’autel.
21 Après cela, le novice commence tout de suite ce verset du psaume : « Accueille-moi, Seigneur, selon ta parole, et je vivrai. Ne décourage pas mon attente » (Psaume 118, 116).
22 Toute la communauté continue trois fois ce verset, et elle ajoute le « Gloire au Père ».
23 Alors le frère novice se prosterne aux pieds de chaque moine afin qu’on prie pour lui. A partir de ce jour-là, il fait vraiment partie de la communauté.
Cette troisième partie du chapitre 58 décrit le rite de la profession monastique. Il y aurait beaucoup à dire, je voudrais commenter seulement le verset du Ps 118,16 qui constitue en quelque sorte le cœur de la célébration, le Suscipe :
« Reçois-moi Seigneur selon ta Parole et je vivrai. Ne déçois pas mon attente. »
L’homme qui s’engage dans la vie monastique se connaît : il connaît sa faiblesse et ses défauts. Il ne compte pas sur lui, il compte sur l’amour, la miséricorde et la grâce du Christ. Il s’accroche à Lui comme à un rocher. Benoît dans le Prologue nous a bien dit que celui qui entre au monastère cherche le bonheur, le nouveau Profès sait que pour être heureux il doit bâtir sa vie sur le Christ.
Les frères profès reprennent trois fois ce même verset comme pour dire au jeune frère que la communauté dans laquelle il entre est constituée aussi de pécheurs, d’hommes qui ont fait aussi la même expérience de leur faiblesse et de leur fragilité, et qu’eux aussi s’appuient sur le Christ. La communauté monastique est une sorte d’hôpital dont le Christ est le médecin, il ne faut pas que le jeune frère s’étonne de trouver ici des malades comme lui-même est malade.
En reprenant trois fois le Suscipe, les frères rajoutent la doxologie (Gloire au Père, Gloire au Fils, Gloire au Saint-Esprit). Oui, ce qui est important dans cette maison où tu veux entrer c’est la louange de Dieu. C’est vrai que nous sommes tous des pécheurs que le Christ a appelés pour servir en sa présence, mais ce qui est important, c’est que le Christ nous tient et nous fait vivre, c’est Lui qui nous rend heureux, c’est lui notre force.
Dans cette triple répétition de la doxologie, les anciens ont vu le rappel du baptême. La profession monastique est un épanouissement de la grâce baptismale. Un jour, nous avons été plongés dans l’eau baptismale et le Seigneur nous a agrégés à son Corps qui est l’Église, dans la profession monastique, cette Église prend un visage concret, celui de la communauté que le Seigneur nous donne pour l’aimer, pour le chercher, pour l’adorer.
Désormais, malgré ses propres faiblesses et celle de ses frères, le nouveau Profès sait qu’il devra chercher le bonheur dans cette communauté, en vivant au milieu de ses frères, il ne devra pas fuir au-dehors pour trouver son équilibre, il devra le chercher au milieu de ses frères.
Pour manifester cela, il se prosterne devant chaque frère, il reconnaît le Christ en chacun d’eux et il demande à chacun de prier pour lui. Tel est le beau mystère de notre communauté !
Commentaire RB 4, 21