Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

13 avril 2025.

Dimanche des Rameaux

Dans la Passion que nous venons d’entendre, arrêtons-nous sur un point, celui du reniement de Pierre.

Un jour, bien avant la Passion, au début de son compagnonnage avec Jésus, après une pêche miraculeuse, Pierre a laissé sortir cette parole de sa bouche : « Éloigne-toi de moi, car je suis un pécheur ». On peut donc imaginer que ce sentiment est aujourd’hui ravivé en lui…

Dans la Semaine Sainte, nous entrons tous avec nos faiblesses, nos lâchetés et nos misères. Les sentiments qui sont ceux de Pierre après son triple reniement, sont bien souvent les nôtres. Je vous propose donc une prière imaginaire de Pierre à Jésus qui pourrait être la nôtre ce matin. Je m’inspire d’un texte d’un grand théologien du XXe siècle, Hans Urs von Balthasar.

Jésus, pourquoi suis-je encore en train de parler avec toi ? Le souffle de ma bouche te touche comme un poison et te souille. Éloigne-toi de moi et défais ce lien impossible entre nous. Il fut un temps où j’étais un pécheur entre d’autres pécheurs, et je pouvais alors saisir le présent de ta grâce…

J’avais la joie de goûter la joie du repentir. Il m’était permis de saisir ton pardon comme un bienfait de ta grâce. La douceur de ta grâce l’emportait sur l’amertume de ma faute. 

Mais aujourd’hui, après ce que je viens de faire ? Dans quelle cachette me glisser afin que tu ne me voies plus, que je ne te sois plus à charge, que l’odeur de ma pourriture ne t’incommode plus ? Je t’ai offensé en plein visage et ma bouche a prononcé cette parole : « Je ne le connais pas ».

Oui, en vérité, Jésus, je ne le connais pas. Si je le connaissais, je n’aurais pas pu le trahir ainsi : d’une manière si effrénée, si naturelle.

Ou, si je le connaissais par hasard, en tout cas je ne l’aimais pas. Car l’amour ne trahit tout de même pas ainsi, il ne se détourne pas de l’air le plus innocent, l’amour n’oublie pourtant pas l’amour.

Jésus, que j’aie pu t’abandonner après tout ce qui s’est passé entre nous, prouve seulement une chose : que je n’étais pas digne de ton amour, que moi-même je n’ai jamais réellement possédé l’amour. Ce n’est pas de l’orgueil, ce n’est pas de l’humilité, c’est tout simplement la vérité, si je te dis : c’est assez. Je ne veux pas qu’un rayon de ta pureté s’égare encore dans mon enfer… Il y a une trahison qu’il n’est pas possible de réparer. Éternellement il en restera quelque chose, jamais mon regard ne pourra de nouveau rencontrer ton regard… 

Cette fois-ci, je sais qui je suis. Cette fois-ci, c’est définitif… Laisse-moi seul. Que ta mère aussi ne me touche pas. Je ne suis pas pour vous un objet à regarder. Ne gaspillez pas votre pitié en moi, elle serait mal placée. Qu’il m’arrive ce qui doit m’arriver. A celui qui est là, à ta droite, tu as promis le paradis. Je le lui laisse de bon cœur. Il l’a bien mérité. Il ne savait pas ce qu’il faisait. Quant à moi, je demeure celui qui est à gauche… Jésus, essaie de m’oublier…

Oui, frères et sœurs, chacun de nous, à un moment donné, pour une faute plus ou moins grave, a pu avoir le cœur traversé par les mêmes sentiments.

Mais ce qui est extraordinaire, c’est que le matin de Pâques, personne ne parle plus de cela à commencer par Jésus. Sur la Croix, il a porté le péché de Pierre et son amour l’a effacé. Après Pâques, trois fois, il ose lui poser la question : « Simon, est-ce que tu m’aimes ? » Sa trahison aurait pu lui prouver le contraire, mais Jésus sait que désormais le cœur de Pierre est plus grand que sa trahison !

Il en va de même de chacun de nous au début de cette semaine sainte, ne nous enfermons pas dans notre péché, ne laissons pas notre misère nous éloigner du Christ, mais revenons à lui et laissons-nous saisir par son amour qui peut nous transformer et renouveler nos cœurs.