11 septembre 2024.
Commentaire de RB 18, 12-18
12 A Vêpres, tous les jours, on chante quatre psaumes.
13 On commence par le psaume 109, et on va jusqu’au psaume 147.
14 Mais on ne chante pas les psaumes 117 à 127, ni les psaumes 133 et 142. On les garde pour d’autres offices.
15 Tous les autres psaumes, on les dira à Vêpres.
16 Comme il manque trois psaumes, on divise en deux parties ceux qui sont plus longs, c’est-à-dire les psaumes 138, 143 et 144.
17 Le psaume 116 est court, c’est pourquoi on le dit avec le psaume 115.
18 Voilà l’ordre des psaumes pour Vêpres. Le reste, c’est-à-dire la lecture, le répons, l’hymne, le verset et le cantique, on le dira comme nous l’avons réglé plus haut.
Dans ces quelques versets, Benoît présente l’Office des Vêpres, c’est-à-dire l’Office du soir.
C’est au Shabbat qu’il faut faire remonter cet Office : la veille au soir, on allumait la lampe et ce rite est passé dans le christianisme. La lumière est devenue le Christ. Jusqu’au IVe siècle, on appelait cette heure, le « lucernaire ». Dès le 2ème siècle, chez Tertullien et dans la Didascalie des Apôtres, on voit que les chrétiens solennisaient cette heure. L’Office est centré sur la spiritualité de la lumière qu’apporte le Christ ; dans le monde byzantin, nous avons encore ce rite chaque soir d’allumer des cierges. Dans certains monastères, nous le faisons à Bouaké, ce rite de la lumière et du lucernaire a été conservé le samedi soir pour les premières Vêpres du dimanche, le chandelier avec les sept branches qui était un élément essentiel du culte synagogal et qui a été repris par les chrétiens. « 7 » signifie la plénitude du temps ; pour les chrétiens, les « 7 » cierges sont le symbole du Christ, la « Joyeuse Lumière, la Splendeur éternelle du Père », le Christ, Maitre du temps, Maître du cosmos.
Benoît change le nom de l’Office, il ne s’agit plus de l’Office du Lucernaire, mais de l’Office des Vêpres, pourquoi ? parce qu’il avance l’heure de cet office pour respecter la journée monastique ; désormais il n’est plus célébré la nuit, mais avant le coucher du soleil.
Benoît, après les Psaumes, nous donne les différents éléments de l’Office : la lecture (qu’il appelle « leçon », mais qui signifie lecture – lectio). A la lecture, suit un temps de silence, puis le « répons » qui répond à la lecture de la Parole de Dieu, il prolonge la lecture par une méditation de l’Eglise. Le répons est toujours alterné et l’on se redit les uns aux autres les mêmes formules dans un but méditatif. On répète quelque chose de simple et l’on fait ainsi de la lecture entendue une prière communautaire.
L’hymne, dans tous les rites liturgiques, est toujours un chant de louange. C’est un genre littéraire très ancien dans l’Eglise que l’on trouve déjà dans l’Ecriture chez saint Paul, chez saint Pierre et dans l’Apocalypse. Les cantiques du NT que nous chantons à Vêpres étaient probablement des hymnes liturgiques que l’on chantait dans les Eglises d’Ephèse, de Colosses, ou en Asie mineure.
Benoît nous parle ensuite du verset. Nous ne l’avons plus dans notre Office. Il permettait de changer de mode au niveau du chant entre le « Répons » et le « Magnificat ». Aujourd’hui, ce sont les choristes qui remplacent ce « verset » en accordant la chora pour changer de mode.
Ensuite le Cantique du Magnificat dont j’ai parlé l’autre jour.
Lorsque nous lisons la Règle, nous voyons que l’Office est l’affaire de tous et que tous doivent chanter ; c’est une prière communautaire. C’est aussi un travail et une ascèse pour saint Benoît. Je demande à tous les frères de faire effort. Nous n’avons pas le droit d’être moine et d’avoir la bouche fermée à l’Office, cela n’a pas de sens et c’est une insulte à la communauté et au Seigneur. Le chant c’est notre prière lorsque nous sommes rassemblés.
Commentaire RB 4, 17-19