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10 août

10 août 2024.

Saint Laurent

Le martyre de saint Laurent

Méditation de saint Ambroise

Saint Laurent, voyant son évêque, Sixte, mené au martyre se mit à pleurer, non pas sur la passion de l’évêque, mais sur le fait que lui restait en arrière. C’est pourquoi il se mit à l’interpeller en ces termes : “Où t’en vas-tu, père, sans ton fils ? Où te hâtes-tu sans ton diacre, saint évêque ? Tu n’avais pas l’habitude d’offrir le sacrifice sans ton serviteur. Qu’est-ce donc, père, qui t’a déplu en moi ? M’en aurais-tu reconnu indigne ? Essaie au moins de vérifier si tu as choisi un bon serviteur. Tu m’as confié le sang consacré du Seigneur, tu m’as associé avec toi à la distribution du sacrement et tu me refuses de partager avec toi l’effusion de ton sang ? Prends garde que ton jugement ne soit mis en cause, tandis qu’on loue ton courage. Rejeter le disciple porte préjudice au maître. De plus des hommes illustres, supérieurs, triomphent dans les combats de leurs disciples, plus que par les leurs ? Car Abraham offrit son fils, Pierre envoya devant lui Étienne. Toi donc, père, montre en ton fils ton courage, offre celui que tu as formé, afin que, sûr pour ton jugement, tu parviennes à la couronne avec une noble escorte”.

Alors Sixte de dire : “Non, mon fils, je ne te délaisse ni ne t’abandonne, mais de plus grands combats te sont réservés. Nous, en notre qualité de vieillard, nous est réservé un plus léger combat, mais toi, en tant que jeune homme, un plus glorieux triomphe sur le tyran t’attend. Tu viendras bientôt, cesse de pleurer, dans trois jours tu me suivras (…). Il ne t’appartenait pas de vaincre sous un maître, comme si tu cherchais un aide. Pourquoi réclamer de partager ma passion ? Je te la laisse tout entière en héritage. Pourquoi rechercher ma présence ? Que les disciples faibles précèdent le maître, mais que les courageux le suivent, afin que vainquent sans maître ceux qui n’ont maintenant plus besoin d’un maître. C’est ainsi qu’Élie laissa Élisée. Je te confie donc l’héritage de notre force.

Telle était la querelle, digne sujet de rivalité, assurément, entre l’évêque et son serviteur, afin de savoir qui souffrirait le premier pour le nom du Christ. Personne ne pressait saint Laurent, si ce n’est l’amour du don de soi. Cependant trois jours après, pour s’être joué du tyran, lui aussi était jugé ; placé sur un gril et brûlé, il dit : “C’est rôti, retourne et mange !”. C’est ainsi que par le courage de son âme, il vainquit la nature du feu.

De officiis ministrorum I, 41 – PL 16, col. 84 & 85.