29 juin 2025.
29 juin
Tels sont nos maîtres !
D’une Homélie de Saint Bernard
(…) Voici Pierre et Paul, ces deux grands flambeaux placés par Dieu dans le corps de son Église pour y être comme la double lumière des yeux. Ceux-ci m’ont été donnés pour maîtres et médiateurs, eux à qui je puis me confier en sécurité, car ils m’ont appris le chemin de la vie (…).
Il convenait que de tels pasteurs, de tels docteurs, soient établis sur le genre humain, eux qui étaient à la fois doux, puissants et sages. Doux pour m’accueillir avec tendresse, puissants pour me protéger efficacement, sages pour me guider jusqu’au chemin et sur le chemin qui conduit à la Cité.
Qui fut plus doux que Pierre qui appelle si doucement les pécheurs, comme l’attestent les Actes des Apôtres et l’ensemble de ses épîtres ? Qui fut plus puissant que lui à qui la terre obéit quand elle a rendu ses morts, et la mer aussi qui s’offrit solide sous ses pieds ? Du souffle de sa bouche, il a culbuté dans les airs Simon le Magicien ; il a reçu les clés du Royaume à un titre si exceptionnel que la sentence de Pierre précède la sentence du ciel : « Tout ce que tu auras lié sur la terre, déclare le Seigneur, sera lié dans les cieux ». Et qui est plus sage que lui qui n’est enseigné ni par la chair ni par le sang ?
Très volontiers aussi, je m’attache aux pas de Paul, cet homme si rempli de douceur qu’il pleure pour ceux qui ont péché et n’ont pas fait pénitence ; plus fort que tout empire et puissance ; qui nous apporta à profusion la sagesse et la moelle des sens sacrés, provenant non du premier ou du second, mais du troisième ciel ?
Tels sont nos maîtres qui, du Maître suprême, ont appris de façon plénière les chemins de la vie, et nous les enseignent encore aujourd’hui. Que nous ont donc appris, que nous apprennent-ils les saints Apôtres ? Non pas l’art de la pêche, ni à tisser des tentes ou autre chose de ce genre ; non pas à lire Platon ni à interpréter les arguties d’Aristote ; non pas à toujours apprendre sans jamais parvenir à la science de la vérité ! Ils m’ont appris à vivre ! Crois-tu que ce soit là peu de chose de savoir vivre ? C’est quelque chose de grand, mieux, c’est ce qu’il y a de plus grand ! Il ne vit pas celui que gonfle l’orgueil, souille la luxure, infestent d’autres pestes semblables : ce n’est pas vivre, c’est étouffer la vie et toucher aux portes de la mort. Une bonne vie, voilà ce que c’est : endurer les maux, faire le bien et persévérer ainsi jusqu’à la mort.
Et toi qui vis en communauté, je pense que tu vis bien si tu vis d’une manière ordonnée, sociable et humble. Ordonnée quant à toi, sociable quant aux autres, humble quant à Dieu. Ordonnée, si dans tout ton comportement, tu as souci de veiller sur tes pas, en présence de Dieu comme en présence de ton prochain, évitant pour toi le péché, pour lui le scandale. Sociable, si tu t’appliques à être aimé et à aimer, à te montrer complaisant et affable, à supporter non seulement patiemment, mais de bon cœur, les infirmités de tes frères, tant physiques que morales. Humble, si, après avoir accompli tout cela, tu t’efforces d’étouffer l’esprit de vanité qui s’élève d’habitude en pareil cas, et si tu le ressens, d’éviter d’y consentir.
Voilà comment les Apôtres m’ont appris à progresser ! Grâces t’en soient rendues, Seigneur Jésus, toi qui as caché ces choses aux sages et aux prudents, et les as révélées à ces petits qui t’ont suivi, laissant tout pour ton nom.
Pour la fête des saints Apôtres Pierre et Paul, I, 1‑4.