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Commentaire RB 4, 51-54

21 juillet 2024.

51 Éviter de dire des paroles mauvaises ou qui ne conviennent pas.

52 Ne pas aimer parler beaucoup.

53 Ne pas dire des paroles vides ou seulement pour faire rire.

54 Ne pas aimer rire beaucoup ou trop fort.

« Garder sa bouche de toute parole mauvaise. » Cet outil est précieux dans la vie monastique. Mais pas toujours facile à manier.

Abba Isaïe disait : « Aime te taire, plutôt que parler. Car le silence thésaurise, mais parler disperse. » Nous avons tous fait l’expérience de cette dispersion. Et aussi de l’aspect superficiel du flux de paroles.

Il est difficile de parler longuement de cet instrument ! Surtout quand on est soi-même bavard. Le plus simple est de revenir à l’Écriture. « Mets une garde à mes lèvres ». Comme nous, le Psalmiste se sait fragile. Garder sa langue du mal, c’est l’une des qualités du juste, dans la Bible. Et Jésus nous dit : « Ne rabâchez pas ! » La prière intérieure n’a pas besoin de beaucoup de paroles. Parole et prière sont en dépendance : Il faut que l’une diminue, pour que l’autre grandisse.

« Ne pas dire des paroles vaines, ou qui portent à rire ». Dans cet outil, Benoit nuance le Maître, qui excluait tout à fait ce genre de plaisanteries. Il en reparlera au chapitre sur le silence. Il est rassurant qu’il demande comme effort de Carême, de retrancher sur ce domaine de la plaisanterie. Nous le savons bien, il y a des plaisanteries qui nous aident à vivre ensemble parce qu’elles dédramatisent. Les plaisanteries mauvaises, elles, sont les moqueries, celles qui tournent en ridicule une personne, ce sont les critiques des autres. 

« Ne pas aimer le rire prolongé, ou aux éclats ». Un apophtegme raconte : « Quelqu’un vit rire un jeune moine. Il lui dit : Ne ris pas, frère, car tu chasses ainsi la crainte de Dieu. »

Nous cherchons le recueillement et la prière continuelle, mais c’est là un apprentissage qui demande du temps et de la patience !

C’est au 10ème degré d’humilité seulement que Benoit revient sur la question du rire : « Le sot, en riant, élève la voix. »

Parmi les auteurs bibliques, l’ennemi le plus résolu du rire, c’est Qohélet : « L’habillement d’un homme, son rire, sa démarche, révèlent ce qu’il est ».

Pourtant la Bible n’ignore pas le rire libérateur : au retour des exilés à Jérusalem, « notre bouche était pleine de rires » dit le Psaume 125.

Le mot de la fin est à St Jean Climaque, au 7ème degré de son échelle : « Dieu, mes amis, ne demande ni ne désire que l’homme s’afflige à cause de la douleur de son cœur. Il préfère plutôt qu’il se réjouisse et qu’il rit, à cause de l’amour qu’il éprouve ».