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9 août

9 août 2024.

SAINTE THERESE BENEDICTE DE LA CROIX (Edith Stein)

Le chemin du Christ

Méditation de Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix

La louange de Dieu, solennelle, doit avoir sur terre ses foyers où elle soit développée jusqu’à la plus haute perfection accessible aux hommes. De là, elle peut s’élever vers le ciel pour toute l’Église et agir sur les membres de l’Église : éveiller la vie intérieure et la stimuler à poursuivre une harmonie extérieure. Mais elle doit être vivifiée de l’intérieur en disposant aussi en ces lieux, d’un espace où s’approfondir dans le silence. Autrement, elle perdrait sa nature propre et ne serait qu’une louange du bout des lèvres, rigide et sans vie. Une protection contre ce danger lui est offerte par les foyers de prière intérieure où les âmes se tiennent devant la face de Dieu dans la solitude et le silence, pour être dans l’Église l’amour qui vivifie tout.

Et le chemin qui conduit à la vie intérieure et aux chœurs des esprits bienheureux chantant l’éternel Sanctus, c’est le Christ. Son sang est le rideau du Temple à travers lequel nous pénétrons dans le saint des saints de la vie divine. Il nous purifie du péché dans le baptême et le sacrement de pénitence, il ouvre nos yeux à la lumière éternelle, il ouvre nos oreilles pour percevoir la Parole divine, il ouvre nos lèvres pour entonner le chant de louange, pour présenter la prière de réconciliation, de demande, d’action de grâce. Et toutes ces prières ne sont que des formes différentes de la seule adoration, c’est-à-dire de l’hommage de la créature à Celui qui est la toute-puissance et la toute bonté.

Dans le sacrement de confirmation, il nous marque et nous fortifie comme soldat du Christ, pour confesser son Nom librement et résolument. Mais c’est par-dessus tout le sacrement où le Christ est présent en personne, qui fait de nous les membres de son corps. En participant au sacrifice et au repas sacré, en étant nourris de la chair et du sang de Jésus, nous devenons nous-mêmes sa chair et son sang.

Et c’est seulement lorsque nous sommes membres de son corps, et dans la mesure où nous le sommes en vérité, que son Esprit peut nous vivifier et régner en nous : « C’est l’Esprit qui vivifie » ; car c’est l’Esprit qui donne vie aux membres ; mais l’Esprit ne donne vie qu’aux membres qu’il trouve déjà présents dans le corps qu’il vivifie. Aussi le chrétien ne doit-il rien craindre autant que d’être séparé du corps du Christ. Car, s’il est séparé du corps du Christ, alors il n’en est plus membre : et s’il n’en est plus membre, il n’est plus vivifié par son Esprit.

Mais nous devenons membres du corps du Christ non seulement par l’amour, mais aussi très réellement en étant un avec sa chair. Cela s’est réalisé par la nourriture qu’il nous a offerte pour nous prouver le désir qu’il a de nous. C’est pourquoi il s’est lui-même abaissé jusqu’à venir en nous et c’est pourquoi il a façonné en nous son propre corps, afin que nous soyons un, comme le corps est uni à la tête.

En tant que membres de son corps, animés par son Esprit, nous nous offrons nous-mêmes en sacrifice, « par lui, avec lui et en lui », et nous unissons nos voix à l’éternelle action de grâce. C’est pourquoi l’Église met sur nos lèvres après la communion cette prière : « Comblés d’un si grand bien, nous te supplions, Seigneur fais que nous en retirions des fruits pour notre salut et que jamais nous ne cessions de chanter ta louange ».

Source cachée, p 73-74.