Commentaire Règle de saint Benoît Prol 29-38
29 Ces gens-là respectent le Seigneur avec confiance. Alors ils ne se croient pas au-dessus des autres à cause de leur bonne conduite, mais ils reconnaissent une chose : le bien qui est en eux, il ne vient pas d’eux-mêmes mais du Seigneur.
30 Ils rendent gloire au Seigneur qui travaille en eux, et avec le Prophète ils disent : « Seigneur, donne la gloire à ton nom, mais pas à nous, pas à nous ! » (Ps 113 b, 1).
31 De même, l’apôtre Paul ne pense pas du tout que le succès de ses paroles vient de lui. Il dit : « Je suis devenu l’homme que je suis grâce au don de Dieu » (1 Co 15, 10).
32 Il dit encore : « Celui qui veut avoir une raison d’être fier, qu’il soit fier dans le Seigneur » (2 Co 10, 17).
33 C’est pourquoi le Seigneur dit dans l’Évangile : « Celui qui écoute mes paroles et qui les met en pratique, je le compare à un homme sage qui a construit sa maison sur le rocher.
34 Les fleuves ont débordé, le vent a soufflé avec force contre cette maison. Mais la maison n’est pas tombée, parce qu’elle était construite sur le rocher » (Mt 7, 24-25).
35 Voilà ce que le Seigneur nous dit, et maintenant il attend de nous ceci : que, jour après jour, nous répondions par nos actes à ses bons conseils.
36 Si Dieu nous donne encore des jours à vivre, c’est pour nous laisser le temps de corriger notre conduite mauvaise.
37 En effet, l’apôtre Paul écrit : « La patience de Dieu veut t’amener à changer de vie, est-ce que tu ne le sais pas ? » (Rm 2, 4).
38 Et dans sa tendresse, le Seigneur dit : « Je ne veux pas la mort du pécheur. Je veux qu’il revienne à moi et qu’il vive » (Ez 18, 23 ; 33, 11).
Benoît nous a invité hier à mener le combat spirituel contre les mauvaises pensées en nous appuyant sur le Christ comme sur un rocher, en nous accrochant à Lui, et il nous promet ce matin un cadeau qui sera le fruit de ce combat : l’acquisition de l’humilité.
De fait, ce n’est pas nous qui allons remporter ce combat, c’est Lui qui va le mener en nous, il va nous faire grâce.
Benoît nous dit enfin ce que Dieu attend de nous, une seule chose très simple qui dépend de nous ; si nous refusons de la faire, le travail de la grâce en nous sera rendu difficile : « (…) que, jour après jour, nous répondions par nos actes à ses bons conseils ».
Ses bons conseils, il nous les donne d’abord dans la Lectio. Mettre en œuvre ce que nous entendons dans la Lectio. Il nous les donne aussi par le Père Prieur ou par les frères, lorsqu’après un échange, quelque chose est décidé et demandé. Le Seigneur nous donne aussi ses conseils par les évènements personnels, familiaux, communautaires qui surviennent dans nos existences. Il dépend donc de nous de répondre par nos actes à ses bons conseils.
Si le Seigneur nous laisse vivre sur cette terre et ne nous rappelle pas à Lui tout de suite, c’est justement parce qu’il veut que nous mettions en œuvre concrètement tous ses conseils.
De cela il ressort un élément capital pour la vie spirituelle : Dieu est très patient avec nous. Nous ne devons jamais nous décourager et toujours accepter de repartir à zéro.
En fait, le moine reste un novice toute sa vie, chaque jour, jour après jour, il s’exerce à obéir à Dieu ; il essaye, il échoue, il recommence. C’est ainsi que Dieu peut nous diviniser en nous rendant humble. Pour le Seigneur, l’humilité est mille fois plus importante que la vertu.
Lorsqu’il nous appellera à Lui, nous ne serons pas forcément parfaits, mais il est important que nous soyons humbles. C’est ce travail de l’obéissance à Dieu par la médiation du Prieur, des frères, de la vie, qui rend humble et qui nous sauve dit Benoît.
Le Christ veut nous sauver et Benoît cite ici le Prophète Ézéchiel : « Je ne veux pas la mort du pécheur, je veux qu’il revienne à moi et qu’il vive ».
5 décembre