7 août 2024.
Mercredii de la 18ème Semaine du Temps Ordinaire (Années B et C)
Mt 15, 21-28
Apprendre à être debout
Par le Chanoine José Mittaz
Cette femme cananéenne se prosterne devant Jésus en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! » Cette femme, modèle de tous ceux qui ploient sous le fardeau, de tous ceux qui vivent des abus de toutes sortes, de toutes celles qui sont opprimées. Chercher à être debout. Sa prosternation n’est pas le signe qu’elle rampe, sa prosternation est le signe qu’elle va chercher en l’autre le meilleur de lui-même : « Seigneur ! »
Jésus lui répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » Alors là, c’est le sommet du scandale. Mais rappelez-vous ce que je vous ai dit tout à l’heure. En répondant ce que Jésus a répondu aux disciples par rapport aux brebis d’Israël : il les met face à leur réalité. Là, il met cette femme face à la réalité qu’elle endure chaque jour. Chaque jour, elle est mise à l’écart par la communauté juive, chaque jour elle endure qu’elle n’est pas digne de recevoir le pain des enfants mais qu’elle doit quémander des miettes. Jésus ne fuit pas cette étape que cette femme doive aller à la rencontre de cette souffrance qu’elle vit chaque jour. Mais, évidemment : pas pour mettre le doigt là où ça fait mal, mais pour panser les plaies.
Il semblerait qu’intuitivement, cette femme comprenne bien, puisqu’elle peut reprendre : elle n’est pas arrêtée dans sa parole. « Oui, reprit-elle. Mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leur maître. » Cette femme devient responsable de nouer le dialogue, là où il n’y avait pas de dialogue, là où il n’y avait pas de relation. Et c’est vrai qu’aujourd’hui, il nous faut aussi être attentifs à notre manière de casser le dialogue, de casser les relations avec du juridique, avec « il n’est pas bon que… il n’est pas bon que… ». Vous entendez mon intonation : c’est se donner une assurance que l’on n’a pas en soi-même.