Commentaire RB 53, 1-7
1 Tous les hôtes qui arrivent seront reçus comme le Christ. En effet, lui-même dira : « J’étais un hôte et vous m’avez reçu » (Matthieu 25, 35).
2 On les reçoit tous avec le respect dû à chacun, surtout les frères chrétiens et les étrangers (Ga 6, 10).
3 C’est pourquoi, dès qu’on annonce l’arrivée d’un hôte, le supérieur et les frères vont à sa rencontre avec tout l’honneur que l’amour inspire.
4 Ils commencent par prier ensemble. Puis ils se donnent la paix.
5 On donne ce baiser de paix seulement après la prière, à cause des tromperies de l’esprit du mal.
6 Dans les salutations, on montre tous les signes de l’humilité à tous les hôtes qui arrivent ou qui partent.
7 On courbe la tête ou bien on se prosterne à terre pour adorer en eux le Christ qu’on reçoit.
Le regard de foi posé sur l’hôte dans lequel on reconnaît le Christ donne une forte note théologique à tout ce chapitre sur la réception des hôtes. Benoit est tellement habité par cette conviction de foi qu’il semble préoccupé avant tout de ne pas manquer la rencontre du Christ. Sa préoccupation n’est pas d’abord humanitaire, elle est théologale. Comment en toute venue de l’hôte ne pas passer à côté de la rencontre avec Dieu ? S’il s’appuie sur la citation de Mt 25, c’est moins par peur du jugement dernier que pour mieux asseoir sa conviction du devoir d’honorer le Christ en tout homme.
Le mot « honneur » revient deux fois dans le chapitre. En honorant l’hôte, surtout le pauvre, c’est le Christ que l’on honore. L’attitude elle-même recommandée aux moines – tête inclinée, prosternation – veut « adorer en eux le Christ qu’on reçoit ». Cette insistance et ces attitudes quasi-liturgiques choquent nos esprits modernes qui voient là une exagération qui dépasse la mesure d’une juste réserve.
Et en même temps, comment ne pas entendre un élan spirituel qui peut bousculer nos manières bien installées. Regardons-nous l’arrivée impromptue d’un hôte, surtout des plus pauvres, comme une visite de Dieu ? Accueillons-nous celui qui nous dérange peut-être, avec cet a priori positif qui change tout de notre manière de l’accueillir ?
La question est posée à nos frères hôteliers bien sûr, mais aussi à chacun de nous. La bienveillance a priori de la communauté soutiendra la bienveillance concrète de tous les frères acteurs de l’accueil, les portiers, les hôteliers, les réfectoriers, les cuisiniers, les lingers, les frères proches des passagers.
« On commencera par prier ensemble » nous dit saint Benoît.
L’office célébré au cours de la journée est notre premier lieu de rencontre avec les hôtes… et le plus souvent pour la plupart d’entre nous, notre unique lieu de rencontre avec les hôtes.
Il est heureux qu’il en soit ainsi… la prière est notre vrai lieu de communion avec tous ceux qui passent ici. Pas de paroles échangées entre eux et nous, sinon les mots de la prière adressée à Notre Père…
9 décembre