31 mai 2025.
Fête de la Visitation
Lc 1, 39-56
Le chant de Marie
Par le Père Émile MERSCH
Le Magnificat est le propre chant de Marie. C’est son chant à elle. Quand elle l’a composé, Jésus n’était pas encore né, mais il s’était fait sentir à Jean Baptiste, et à elle, bien davantage. Aussi, dans ce cantique de Marie, est-ce déjà Jésus qui parle : la grandeur des humbles, les bénédictions promises aux petits, le renversement qu’opère la droite du Seigneur en exaltant les pauvres et en rejetant les superbes, l’allégresse de ceux que le monde ignore et qui ont le Seigneur avec eux, tout ce qu’elle proclame, n’est-ce pas ce que promulgueront les Béatitudes et le discours sur la montagne ? Le prélude, même, ne rend-il pas déjà le ton et l’accent qu’auront ces prédications de Jésus ? Ne dit-il pas d’avance, dans ce chant de sa mère, ce qui sera l’hymne de reconnaissance du fils devant le Dieu qui comble de ses faveurs les petits et les humbles ?
« Je te rends grâce, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux savants, et de l’avoir révélé aux tout-petits. Oui, Père, telle a été ta volonté ».
Comme c’est déjà le Christ que l’on entend en celle qui est sa mère, c’est aussi tout l’Ancien Testament, qui est une préformation du Christ. Le Magnificat est fait presque tout entier de citations bibliques : la mère du Sauveur, la mère du désiré d’Israël, parle comme la fille, ou plutôt la reine, des patriarches et des prophètes. Et ce double rapport avec son fils qui est tout pour les hommes, la dépeint si bien que le Magnificat, rappel de l’Ancien Testament et prélude du Nouveau, est une œuvre très personnelle, une et spontanée, et une prière aussi qui deviendra familière au peuple chrétien…
Marie devait avoir, comme Jésus, un certain don de poésie. (…) Or, ce don si humain de poésie, Jésus, semble-t-il, a voulu le tenir de sa mère, comme il tenait d’elle son humanité. Elle devait déjà le posséder.