3 mars 2025.
Lundi de la 8ème Semaine du Temps Ordinaire
Mc 10, 17-27
Contre les riches
D’une homélie de saint Basile
Nous avons parlé dernièrement du jeune homme dont il est question aujourd’hui (…). L’Écriture nous le représente avec un caractère moitié bon, moitié mauvais ; louable d’un côté, malheureux et désespéré de l’autre.
Reconnaître Jésus-Christ pour vraiment maître ; et, dédaignant le faste des Pharisiens, l’orgueil des docteurs de la Loi, la foule des scribes, ne donner le nom de maître qu’à celui qui est le seul vrai et bon Maître, voilà ce qui méritait d’être loué dans le jeune homme. Le désir qu’il témoigne d’apprendre par quels moyens il pourra obtenir la vie éternelle, est également digne de louanges.
Mais ce qui annonce la disposition d’un cœur qui recherchait moins le véritable bien que ce qui plaît à la multitude, c’est qu’après avoir reçu du vrai Maître des conseils salutaires, au lieu de les graver dans son âme et de les mettre en pratique, il s’est retiré fort triste, aveuglé par l’amour des richesses.
(…) Quoi ! vous l’appelez maître, et vous ne remplissez pas le devoir de disciple ! vous convenez qu’il est bon, et vous négligez ce qu’il vous offre ! toutefois, un être bon ne peut donner que de bonnes choses. (…)
En effet, si, comme vous dites, vous n’avez tué personne, si vous n’avez ni commis d’adultère, ni dérobé le bien d’autrui, ni porté de faux témoignage, vous rendez inutile le soin que vous avez pris de pratiquer la Loi, faute d’ajouter ce qui reste et ce qui seul peut vous ouvrir l’entrée du royaume de Dieu.
S’il était vrai, comme vous l’avez assuré, que vous avez rempli dès votre jeunesse le précepte de l’amour du prochain, et que vous avez donné à chacun autant qu’à vous-même, comment auriez-vous une pareille abondance de richesses ?
Le soin des pauvres entraîne de grandes dépenses, (…) or, il est constant que vous avez des possessions très étendues.
D’où vient cette inégalité, si ce n’est de ce que vous préférez vos propres jouissances au soulagement des autres. Ainsi, plus vous abondez en richesses, plus vous manquez de charité. Si vous aviez aimé votre prochain, il y a longtemps que vous auriez songé à lui faire part de vos biens. (…) Si vous vous étiez fait un devoir de vêtir celui qui est nu, de donner du pain à celui qui a faim, d’ouvrir votre maison aux étrangers ; si vous étiez le père des orphelins, si vous aviez compassion de tous les misérables, auriez-vous tant de peine à vous défaire de vos richesses ? Si vous vous étiez occupé il y a longtemps à distribuer aux pauvres ce que vous avez, il ne vous en coûterait pas d’abandonner ce qui vous reste.
De l’Homélie 7, Contre les Riches.