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vendredi 28 février 2025.

Vendredi de la 7ème Semaine du Temps Ordinaire

Mc 10, 1-12

            Depuis soixante ans et le Concile Vatican II, l’Église offre aux chrétiens une lecture suivie de l’Évangile. Dans la liturgie, chaque année, en semaine, nous entendons par des péricopes (passages de quelques versets), l’ensemble des Évangiles en lecture continue, le dimanche, pareillement, sur trois ans.  C’est là une richesse extraordinaire !

Il y a cependant un risque, celui d’isoler ces passages et d’en faire parfois une lecture fondamentaliste, idéologique, de perdre de vue l’unité de la Parole de Dieu, de perdre de vue que les Évangiles sont quatre Livres et que chacun a son unité, sa cohérence interne. Je vous propose pour pallier à ce risque de lire le passage du jour dans votre Bible, vous pourrez ainsi mieux le comprendre en cohérence avec ce qui précède et avec ce qui suit.

Mercredi dernier, nous avons vu le Christ s’insurger contre ses disciples qui rejettent un homme qui n’est pas de leur groupe mais qui fait reculer le mal dans le monde et ce, au nom de Jésus lui-même (Mc 9, 38-40). Hier, le Christ a invité ses disciples à ne pas rester enfermer dans un monde clos et à mener le combat contre leurs préjugés (quitte à y perdre sa réputation et sa vie, ou – au moins – une main, un pied ou un œil !), pour que les petits et les exclus de la société qui font confiance à Jésus se sentent accueillis dans la communauté (Mc 9, 41-50).

Aujourd’hui, des pharisiens sont là, qui ont entendu ce discours de Jésus et qui – semble-t-il –, pour une fois, l’ont très bien compris.

Ceci dit, pour eux, il y a un domaine où l’exclusion se justifie : lorsqu’un homme en a assez de sa femme et veut en prendre une autre. Pour eux, exclure la femme n’est pas un problème en soi, d’ailleurs, sur le plan légal c’est possible (« Moïse a permis… ») !

            Dans notre société aussi, c’est permis ! Pourquoi un homme qui a vécu (et vieilli) avec son épouse (qui a vieillie aussi) change-t-il d’épouse ? Bien souvent, tout simplement, parce qu’il pense à lui seul, à son propre épanouissement, etc.

Notons cependant que Jésus n’entre pas ici dans les considérations du bien et du mal, des pulsions sexuelles… Il se situe sur un tout autre terrain.

            Récemment, un vieux moine me faisait remarquer que si le Premier Testament parle beaucoup de sexualité, Jésus n’en parle pas ; en revanche, saint Paul, aux prises avec des réalités pastorales sera conduit à traiter parfois de ces questions.

Pourquoi Jésus n’en parle-t-il pas ? Le vieux moine poursuit : sans doute, parce que Jésus sait, par expérience, que c’est là une réalité éminemment personnelle ; lui-même qui « a vécu notre condition humaine, en toutes choses, excepté le péché », nous dit la liturgie, sait aussi que ce domaine qui – en soi – est source d’épanouissement (y compris dans le célibat, comme il l’a vécu lui-même), est aussi profondément complexe, tant il touche en profondeur, la réalité de l’homme blessé par son histoire.

Dans le cas précis soulevé par les pharisiens, Jésus renvoie non pas à la moralité ou à l’immoralité, mais à ce qui est le plus fondamental : le projet d’amour de Dieu sur l’homme. Dans ce projet, l’homme et la femme sont égaux. Réfléchir à partir de là, c’est soumettre ce qui est fragile et mouvant en nous, à ce qui est solide et éternel.

A partir de cette perspective, l’homme (ou la femme) ne peut plus renvoyer sa femme (son mari) en la (le) traitant comme le font les hommes (femmes) qui ont un cœur dur ! Là serait l’adultère !

En disant cela, Jésus ne répond pas à tous les problèmes concrets et parfois terribles que traversent certains couples… L’Église, elle-même, considère parfois, au vu de certaines situations, que le mariage n’était pas valide !

Jésus fait beaucoup plus que donner une directive sur l’indissolubilité du mariage, il renvoie l’homme à discerner ce qui est fugace de ce qui ne l’est pas, seul l’amour de Dieu ne passera jamais, seul capable de construire une vie et d’écrire droit malgré nos lignes courbes.

Ici, refuser l’exclusion et le mépris de l’autre, même en cas d’adversité, passe par le discernement de l’amour de Dieu qui ne passera jamais ; rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu !