24 mars 2025.
Lundi de la 3ème Semaine de Carême
Lc 4, 24-30
Il y avait beaucoup de lépreux en Israël
D’un sermon sur l’amour des pauvres
de saint Grégoire de Nazianze
A tous les pauvres et à tous ceux qui souffrent, il faut ouvrir notre cœur. Mais ceux qui ont un droit tout spécial à la pitié, ce sont les malades atteints de la lèpre et rongés jusqu’aux chairs, aux os et aux moelles.
Sous nos yeux s’étale un spectacle affreux et pitoyable, incroyable pour quiconque ne le connaît pas : des hommes devenus cadavres de leur vivant, mutilés dans plusieurs parties de leur corps, si bien qu’on ne sait presque plus qui ils étaient. Pour se faire connaître, ils citent le nom de leur père, de leur mère, de leur frère, du lieu où ils habitaient ; ils nous disent : Je suis fils d’un tel ; une telle est ma mère ; je m’appelle de tel nom ; tu étais jadis mon ami et mon familier. Tel est leur langage, car ils ne peuvent plus se faire reconnaître par les traits de ce qui était autrefois leur visage (…).
Nous sommes si loin de prendre soin de ces hommes qui sont de notre race, que les fuir nous paraît une sécurité pour nos corps. Plus d’un parmi nous s’approche, à l’occasion, d’un cadavre, même s’il sent mauvais ; plus d’un supporte l’odeur d’un cadavre d’animal ou encore accepte d’être enlisé dans la boue ; mais eux, nous les fuyons de toutes nos forces – ah, quelle dureté de cœur ! – .
On accepte de vivre avec un meurtrier, on reçoit un adultère dans sa maison, on l’admet même à table, on fait son associé d’un sacrilège, on se lie d’amitié avec celui qui vous a fait du mal ; mais on se détourne de quelqu’un qui ne vous a fait aucun mal à cause de la maladie, comme si c’était un crime.
On interdit aux lépreux les villes, on leur interdit les maisons, la place publique, les chemins, les fêtes, les banquets, et – ô calamité ! – même l’eau.
Qu’allons-nous donc faire, nous qui avons reçu en partage le grand nom, le nom nouveau, le nom qui nous vient du Christ, nous qui sommes les disciples du Christ, doux et bon, du Christ qui a porté nos maladies ? Quelles seront nos pensées et notre attitude à l’égard des malades ?
In Lectures pour chaque jour de l’année, Le Carême, p. 41-42.