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24 août 2024.

Saint Barthélémy – Jn 1, 35-41

Le court récit de l’appel de Philippe marque une fois de plus la souveraineté de la parole du Christ. Philippe joue le même rôle qu’André auprès de Nathanaël. Il lui présente non pas un rabbi, mais Celui dont il est écrit dans la loi de Moïse et chez les Prophètes. Le Christ d’André est désormais confessé comme Celui qui vient répondre au dessein de Dieu révélé par les Écritures. Cette rencontre entre Philippe et Nathanaël fait écho à celle de Jésus avec les deux premiers disciples.

Philippe reprend la même invitation que le Christ : « Viens et vois » comme s’il en était devenu le témoin et porte-parole. Ces deux verbes éclairent une même démarche : celle du nouveau disciple de Jésus. « Venir » implique non pas seulement un déplacement géographique mais surtout intime et personnel : une conversion. L’invitation à « voir » représente une attitude nouvelle pour un disciple qui généralement souhaite « savoir ». Par ce « viens et vois » Philippe invite Nathanaël à entrer dans le cercle intime de ce Seigneur.

Cependant l’Écriture ne mentionne aucune bourgade nommée Nazareth. S’il est le Messie annoncé par les Écritures, comment peut-il venir d’un lieu insignifiant. Bien plus, ce Jésus issu de Nazareth contredit une des conceptions juives du Messie dont on ne sait, selon la tradition, d’où il viendra. Le doute de Nathanaël anticipe la future contestation de la messianité de Jésus : Cherche et vois que de Galilée aucun prophète ne s’est levé. (Jn 7,52. Voir aussi 7,41). En réponse, le ‘viens et vois’ de Philippe souligne combien l’identité de Jésus n’est pas à rechercher dans une interprétation littérale de la Loi et des prophètes mais avant tout dans sa rencontre.

Une fois encore Jésus est à l’initiative de l’appel déterminant. Il qualifie Nathanaël de ‘véritable Israélite sans ruse’. Ce passage introduit cette omniscience narrative de Jésus qui connaît ce qui est en l’homme (2,25). Jésus voit en Nathanël un membre fidèle du Peuple de Dieu. Ce que confirmerait la mention du figuier sous lequel se tenait Nathanaël. Par cette révélation, Jésus montre encore sa capacité à ‘connaître ce qui est en l’homme’.

Dans la tradition juive, le figuier est lieu symbolique pour décrire l’étude de la Torah, confirmant la fidélité de Nathanaël. Mais ce figuier peut aussi faire référence à la parole du prophète Zacharie qui décrivait ainsi le jour de jugement du Seigneur.  Za 3 10 : « En ce jour-là – oracle du Seigneur le tout-puissant – vous vous inviterez mutuellement sous la vigne et sous le figuier. » L’appel de Jésus est ainsi lié à l’avènement de ce temps nouveau et messianique qu’il vient inaugurer.

La confession de foi de Nathanaël fait appel à trois titres : Rabbi, Fils de Dieu et Roi d’Israël. Mais cette profession de foi, comme l’indique Jésus, est encore imparfaite : Tu verras des choses plus grandes encore. Le chemin de conversion n’en est qu’à ses premiers pas.

Ces choses plus grandes, Jésus les désigne en termes de théophanie. L’ouverture du ciel évoque l’advenue de ce temps messianique où Dieu se communique à son peuple. Is 63 19 : « Ah! si tu déchirais les cieux et si tu descendais ». La mention de la montée et descente des anges n’est pas sans rappeler l’épisode de l’échelle de Jacob (Gn 18,12) et invite à voir en la venue de Jésus une communication entre le monde céleste et le monde terrestre mais surtout entre Dieu et le Fils de l’homme : l’avènement d’une nouvelle Alliance.

Jésus se désigne comme le véritable Fils de l’homme dont parlait le livre de Daniel (Dn 7,10) ; l’envoyé divin pour le Jugement dernier (Jn 5,27). Jésus décrit ici sa personne comme le lieu même de la Rencontre entre Dieu et son peuple : un lieu où les disciples et le lecteur croyant est invité à demeurer.