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22 février 2025.

Chaire de saint Pierre (fête)

Mt 16, 13-19

Aujourd’hui, dans l’Église universelle, nous célébrons une fête, « la Chaire de saint Pierre », ou la « cathèdre de Pierre », c’est-à-dire une chaise ! Cela peut paraitre étrange, alors je vous propose de réfléchir sur le sens profond, nous seulement de la chaire de Pierre, mais aussi de la chaire de chaque évêque.

On nous enseigne en liturgie que les trois éléments essentiels dans une cathédrale depuis l’antiquité chrétienne, sont l’autel qui représente le Christ et, devant lequel on s’incline ; l’ambon, qui est le lieu de la Parole de Dieu où le Christ nous parle et enfin le siège de présidence, la chaire, la cathèdre, qui est le lieu où le Christ nous rassemble par la médiation d’un homme qu’il a choisi, l’évêque.

Dans chaque paroisse, il y a aussi un siège de présidence pour le prêtre, mais il se réfère à l’église-mère du diocèse, à la cathédrale et donc à la cathèdre, qui symbolise le lieu de communion de tous les chrétiens du diocèse ; la paroisse n’existe qu’en référence à la cathédrale du diocèse.

Déjà l’apôtre saint Jacques, premier évêque de Jérusalem et saint Pierre à Rome avaient leur cathèdre. Saint Augustin écrit « Les évêques sont assis plus haut que les autres prêtres, afin qu’ils songent, qu’ils se rappellent qu’ils sont comme la vigie dont les regards surveillent le troupeau ». De là vient qu’on assimilera plus tard le siège de l’évêque au trône de l’empereur.

La cathèdre épiscopale donne sa signification à l’Église-mère du diocèse, l’unité de la foi prêchée par l’évêque. Une vénération est attachée à la chaire (par exemple la chaire de saint Pierre, à Rome).  C’est pourquoi le mot « cathedra » a donné son nom à la « cathédrale » en Occident à partir du Xe siècle (ecclesia cathedrae – “l’église de la cathédre”).

Dans l’antiquité chrétienne, l’évêque n’est jamais seul lorsqu’il préside. Il est entouré et assisté de son presbyterium, collège des « anciens » qui assurent avec lui le gouvernement du diocèse. Les fouilles archéologiques des basiliques d’Afrique du Nord montrent toujours un banc courant tout le long de la paroi de l’abside pour le presbyterium. Le peuple est debout, ou assis par terre, parfois sur des bancs. Pour l’eucharistie, l’évêque se dirigeait, avec tout son clergé, de son siège vers l‘autel situé au milieu de la nef.

En lien avec diverses évolutions de la société médiévale, l’espace liturgique tend à se modifier. Le presbyterium fait place au chœur des religieux, séparé de la nef des fidèles par un jubé. C’est l’autel qui occupe maintenant le fond de l’abside ou de la rotonde du chœur, la cathèdre se retrouvant sur un podium à gauche et les nombreux ministres se répartissant sur des banquettes ou des sièges en rapport avec leur fonction. Les chanoines sont dans des stalles qui ferment cet espace. La société est très hiérarchisée et les différents sièges (leur forme, leur emplacement, leur hauteur… ou l’absence de siège) marquent cette hiérarchie. Dans les églises paroissiales, des banquettes de pierre ou de bois sont appliquées aux murs du sanctuaire pour les différents ministres ou pour les notables.

Après le concile de Trente, au XVIe siècle, une barrière appelée « table de communion » a pris la place des jubés, libérant la vision du chœur aux fidèles qui assistent maintenant à l’office et peuvent suivre l’action liturgique du regard. Dans les cathédrales, le siège de l’évêque est désormais un trône rehaussé d’un dais ou d’un baldaquin. Le trône est indicatif de l’honneur attaché à la fonction épiscopale. Lorsque l’évêque célèbre les ordinations, un faldistoire, siège mobile, est alors déposé au pied de l’autel.

La pratique des communautés chrétiennes a varié dans la mesure même où variait la perception du rôle de la présidence. Aujourd’hui, selon les textes conciliaires, le ministre préside in persona Christi capitis (ce qui signifie que le Christ qui est la tête, préside seul, mais il passe par la médiation de l’évêque, qui permet au Christ d’agir ici et maintenant). Du siège, l’évêque ouvre la célébration par le salut au nom du Seigneur et, du siège, il la clôt par la bénédiction. Il guide la prière en disant la prière d’ouverture, l’introduction et la conclusion de la prière universelle, et la prière après la communion. Dans la position assise, il écoute la proclamation de la parole et participe à la prière silencieuse après la communion.

Que la célébration de cette fête soit un rappel qui nous confirme dans la communion avec tous les chrétiens, en lien avec le ministère de notre évêque, lui-même, dans l’unité avec l’évêque de Rome !