22 décembre 2024.
4ème Dimanche de l’Avent
Année C
Lc 1, 39-45
En ces jours-là,
Marie se mit en route et se rendit avec empressement
vers la région montagneuse, dans une ville de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie
et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie,
l’enfant tressaillit en elle.
Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint,
et s’écria d’une voix forte :
« Tu es bénie entre toutes les femmes,
et le fruit de tes entrailles est béni.
D’où m’est-il donné
que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles,
l’enfant a tressailli d’allégresse en moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles
qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Nous nous souvenons tous de la dernière Coupe de l’Afrique des Nations où la Côte d’Ivoire a gagné. À l’annonce de la victoire par le speaker, à la radio ou à la télévision, une immense joie a envahi notre pays, notre jeunesse, où tout à coup ivoiriens du nord et du sud ; ivoiriens d’origine, ivoiriens issus de l’immigration, étrangers, tous se sont retrouvés dans la rue pour faire la fête.
A l’origine, il y a eu une annonce : La Côte d’Ivoire, championne d’Afrique… Cette annonce a provoqué une joie immense, tout le monde l’espérait, l’attendait mais personne n’osait y croire… et puis, c’est arrivé et nous y avons cru. Une grande joie !
Ces joies simples, populaires, doivent nous faire réfléchir. Je me dis que si l’annonce de l’Évangile pouvait faire dans ma vie la même chose, ce serait formidable et s’il pouvait produire dans ma communauté, dans mon Église, la même joie, la même unité, la même jeunesse, ce serait le ciel sur la terre.
Eh bien, Noël, c’est cela, et c’est infiniment plus, c’est le ciel sur la terre.
Aujourd’hui, Marie entend la bonne nouvelle de l’ange et elle y croit.
Aujourd’hui, l’ange annonce à Marie que Dieu fait du nouveau, il lui annonce la grâce, elle y croit et il en découle une grande joie : Réjouis-toi, comblée de grâces ! Et, Marie court dans la campagne pour aller dire la nouvelle à sa cousine, elle est heureuse et elle chante le magnificat : « Mon exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur ».
Il y a un lien entre la joie et la grâce : ces deux mots tintent l’un contre l’autre. C’est le message de l’Évangile, rappelons-nous le passage du fils prodigue : Le Père fait grâce à son fils et il y a une joie qui déborde et qui concerne toute la maison… Mangeons, festoyons, mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie !
Les Évangiles de l’enfance sont traversés de part en part par ce rapprochement entre la joie et la grâce. Vous vous souvenez aussi de l’épisode de Zacharie qui se refuse à appeler son fils « Jean », ou pour être plus précis (mais cela revient au même) qui refuse le message que porte le nom de son fils Jean, c’est-à-dire, le Seigneur fait grâce, le Seigneur fait du nouveau…
Ce n’est pas facile d’accepter l’irruption de Dieu dans sa vie, d’accepter de sortir de ses habitudes, c’est pourtant la condition de la joie et du bonheur. Zacharie se replie sur lui, il en devient muet, il perd l’usage de la parole, il est prêtre mais il n’a plus rien à dire au peuple… Il retrouve la parole lorsqu’il consent à la grâce, lorsqu’il écrit sur la tablette de cire, « Son nom est Jean ». J’accepte que le Seigneur fasse du nouveau. Cette acceptation de la grâce de Dieu met son cœur en joie, et il se met à chanter, à louer Dieu.
Dans la nuit de Noël, les bergers qui gardent les troupeaux, entendent des anges qui leur proclament aussi une parole de grâce, une bonne nouvelle, un Évangile : Voici que je vous annonce la bonne nouvelle d’une grande joie, qui sera pour tout le peuple. Il vous est né, aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur, qui est Christ et Seigneur. Et voici pour vous le signe – voici pour vous ce qui vous montrera qu’il est bien votre sauveur, un sauveur de bergers, mais ce signe qui est pour vous sera pour tous – : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire.
Jésus, dans la crèche est comme un petit berger, un petit peulh, il ressemble à leurs enfants ; comme un petit de bergère, il est emmailloté, couché dans la mangeoire. Personne n’a peur d’un petit bébé. C’est bien le message de l’ange à Marie : Sois sans crainte, tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Dieu s’approche, Dieu fait du nouveau, il vient chez les bergers… c’est un signe qui est pour tous ! Le ciel est sur la terre, c’est une grâce immense… mais aussitôt, cette grâce fait jaillir la joie, la terre est au ciel, les bergers avec les anges : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur terre, paix aux hommes qui ont sa faveur !
Marie qui a trouvé grâce, à la vue de ces pauvres qui se sont approchés de la crèche, à la vue de cette rencontre du ciel et de la terre gardait avec soin toutes ces choses, les repassant dans son cœur…
Marie comprend pourquoi l’ange lui a demandé d’appeler son fils « Jésus », c’est-à-dire « Dieu sauve », elle comprend surtout comment il va sauver, en s’approchant de l’homme, de tous les hommes.
Il y a un texte de l’Évangile qui, pour ma part, m’aide à comprendre le récit de l’annonciation et le message de Noël, c’est le récit de la Transfiguration : Là-bas, Pierre veut construire une tente pour retenir le ciel sur la terre, il veut mettre la main sur Dieu, c’est humain, mais il ne sait pas qu’avec la présence de Jésus au milieu des hommes, désormais le ciel est sur la terre. Dieu a dressé sa tente au milieu des hommes. Aussi au moment où Pierre parle de construire trois tentes, Dieu donne pour son Fils beaucoup mieux qu’une tente, il fait descendre sur la terre, le tabernacle du ciel, la nuée lumineuse.
Dans le récit de l’Annonciation, Marie est le tabernacle du ciel, elle est l’arche d’Alliance, elle préfigure l’Église. Pour nous, aujourd’hui, lorsque nous sommes rassemblés, nous sommes sous la nuée, nous sommes avec le Christ, auprès du Père. C’est la grâce de Dieu, c’est le cadeau que Dieu nous fait, ce don, cette grâce sont sources de joie.
Pierre, Jacques et Jean sont avec Jésus sous la nuée, désormais les hommes peuvent entrer dans la nuée de Dieu, c’est-à-dire s’approcher de Dieu… désormais le chemin du Ciel est ouvert aux hommes !
Pourquoi avoir peur ? « Écoutez mon Fils ! » nous dit Dieu.
« Relevez-vous ! Soyez sans crainte ! » nous dit Jésus.
« Sois sans crainte Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu », dit l’ange à Marie.
30 novembre