21 novembre 2024.
Présentation de la Vierge Marie
Le rôle de Marie
Par le Cardinal Jean Daniélou
(…) Si le Christ est venu selon la chair, au terme de l’espérance d’Israël, si Marie a vu celui qu’elle attendait, si elle a tenu dans ses bras ce petit enfant né à Bethléem, si comme Siméon, elle a pu saluer celui qui était l’attente des nations, on peut bien dire que Jésus est venu. Il est venu, mais il est toujours celui qui doit venir. Il est venu, mais il n’est pas encore entièrement venu ; tout en étant comblée, l’attente d’Israël subsiste. Jésus est venu, mais il n’est pas encore pleinement manifesté, ni dans chacune de nos âmes, ni dans l’humanité entière : il doit naître spirituellement en chacun de nous, comme il est né selon la chair à Bethléem de Juda. Tout le mystère de la vie spirituelle consiste en une Nativité continuelle. Nous devons toujours nous transformer en Jésus, prendre les dispositions de son cœur, les jugements de son intelligence. Être chrétien, c’est nous transfigurer ainsi, peu à peu, en Jésus-Christ, de manière à être vraiment les enfants du Père.
Or ce qui est vrai de la préparation de la venue de Jésus dans la chair reste vrai de la préparation spirituelle de sa venue dans nos âmes ; cela reste vrai aussi des approches de l’avènement spirituel de Jésus dans le corps mystique tout entier, car le plan de Dieu est un. Nous touchons ici le fond même du mystère de la Vierge. Marie a joué un rôle particulier et éminent quant à la naissance charnelle de Jésus : elle lui a donné la chair dont il est né ; de même Marie continue de jouer un rôle essentiel dans la préparation des venues actuelles de Jésus. Comme le disaient les Pères, on peut dire que Marie continue de circuler dans le monde pour y être toujours celle qui prépare la venue de Jésus.
Ceci est exact pour chacune de nos âmes. Marie a un rôle particulier dans nos vies spirituelles : elle prépare les venues de Jésus en nous, forme progressivement Jésus en nous. Ce rôle de Marie est en rapport étroit avec l’esprit d’enfance spirituelle ; mais de même que l’esprit d’enfance n’est en aucune manière une sublimation de la nostalgie de l’enfance, de même, la dévotion mariale n’est aucunement une sublimation de la maternité humaine. Loin d’être une humanisation du christianisme, le rôle de Marie dans le plan de Dieu est un des aspects de l’Incarnation qui déconcerte le plus la raison humaine, et c’est pourquoi nos rationalistes cherchent à l’écarter. Ce rôle de la Vierge introduit pourtant ceux qui l’acceptent dans cette enfance spirituelle qui a les promesses du Royaume de Dieu.