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2 mars 2025.

8ème Dimanche du Temps Ordinaire

Année C

Lc 6, 39-45

Jésus nous révèle que Dieu est Père et que nous sommes tous ses fils, que nous le deviendrons peu à peu si nous acceptons sa médiation, celle de Celui qui est le Fils unique du Père, notre grand frère, l’aîné d’une multitude de frères, comme le dira saint Paul.

Devenir fils, c’est alors apprendre du Christ comment faire pour apprendre à vivre en frères ! Jésus qui nous connait bien puisqu’il a voulu se faire l’un de nous voit trois obstacles à cet apprentissage de la fraternité : s’appuyer sur ses richesses personnelles, en particulier ses capacités personnelles, ensuite la suffisance ou l’orgueil et enfin la prétention à dominer son frère et à le juger.

« Le disciple n’est pas au-dessus de son maître » commence par dire Jésus.

 Qui est ce disciple, aveugle, et qui est le maître éclairé et éclairant, le didascale pour prendre une traduction plus littérale ?

Dans la suite de l’évangile, ce terme de didascale est uniquement attribué à Jésus1. C’est ainsi que lui-même se nomme le jour de la Cène.

Si les disciples que nous sommes nous prenons pour des maîtres, nous deviendrons plus aveugles que nos supposés disciples car nous oublierons que nous sommes d’abord leurs frères !

En revanche, les disciples aveugles, formés au Christ, voient maintenant. Ils voient enfin qu’ils sont frères, et voient encore ce que leurs frères ont à faire pour progresser sur le chemin de l’Évangile. La charité fraternelle l’exige.

À ne rien dire, on laisse un frère en difficulté et l’on devient complice et coupable. Mais, l’on comprend que Jésus préfère voir ses disciples d’abord balayer devant leur porte plutôt que voir la poussière chez leur voisin. Mais faut-il pour autant se taire ? Comme toujours, les paraboles nous amènent à aller plus loin.

L’écart est grand entre une poutre et une paille, entre un fardeau et une futilité. Jésus demande au disciple d’être plus attentif à voir en lui ce qui peut constituer un aveuglement, un obstacle sur le chemin de l’Évangile avant d’aller aider son frère à y voir mieux. C’est la posture du disciple qui se sait tout autant, voire davantage pécheur que son frère, mais qui sait aussi que celui-ci a besoin de lui sur la même route de l’Évangile. C’est cette humilité qui porte du fruit jusque dans la miséricorde fraternelle.

La parabole des arbres et des fruits, bons ou mauvais, indique aux disciples la nécessité de plonger leurs racines dans la bonté même de Dieu afin de ne pas devenir mauvais. Figues et raisins évoquent les fruits de la terre promise, d’une terre donnée par Dieu. Ils ne sont donc pas seulement les signes d’un effort du disciple mais reflètent en eux-mêmes la grâce du Seigneur.

Ce discours de Jésus constitue un idéal de foi à atteindre mais n’a rien à voir avec un programme éthique visant la perfection morale. Cet idéal se situe avant tout dans une relation vivante au Christ.

Ses paroles constituent ici l’essence même de la vie chrétienne, de la vie du chrétien imparfait qui veut le suivre et aimer à son image.

Le trésor de sa Parole façonne le disciple pour que sa foi déborde de bons fruits avec un cœur qui voit son frère avec les yeux du Christ, un cœur fragile mais heureux jusque dans sa pauvreté, miséricordieux face à l’outrage, humble dans la charité fraternelle, mais solide à l’écoute de la Parole.