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18 mai 2025.

5ème dimanche de Pâques

Année C

Jn 13, 31-33a. 34-35

Le chrétien se sait aimé du Christ et veut répondre à cet amour car il sait que cet amour est le vrai bonheur. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » En nous commandant d’aimer, Jésus ne nous prescrit pas d’inventer un sentiment que nous n’aurions pas, mais il nous ordonne ce qu’il nous donne, son amour premier.

Parce qu’il veut faire de toute sa vie une réponse à l’amour premier de Jésus-Christ, un homme, une femme vient frapper à la porte du monastère et demande à entrer. Il veut essayer d’aimer. Parfois les gens posent la question : « à quoi sert un moine ? » Un moine ne sert à rien. La vie monastique dans l’Église exprime la totale gratuité de l’amour de Dieu.

Pourtant, lorsque l’on regarde l’histoire de la vie monastique en Orient ou en Occident, les moines ont créé les premières écoles, les premiers hôpitaux, ils ont développé l’agriculture, ils ont rendu fertiles des régions marécageuses… mais rien de tout cela ne définit la vie monastique. L’essentiel est ailleurs. Ce qui fait la vie d’un moine, c’est son union à Dieu, ce ne sont pas ses activités, ses capacités, ses échecs ou ses réussites, mais seulement son amitié avec Jésus-Christ. Le moine utile pour saint Benoît c’est le moine qui vit en présence de Dieu.

Permettez-moi de puiser dans le trésor de la Tradition monastique deux éléments fondamentaux qui pourront nous aider à la fois à mieux comprendre la vie monastique et à vivre notre baptême, à réaliser le commandement d’amour de Notre Seigneur.

  1. Donner du temps au Seigneur pour l’écouter dans sa Parole. Chaque jour, le moine, pendant une heure ou une heure trente, écoute la Parole de Dieu. Lorsqu’un verset touche son cœur, il s’arrête, il se tourne vers le Christ qui a touché son cœur et il lui répond par son adoration, par sa louange ou par sa supplication. Devenir ami de Jésus, c’est perdre du temps, perdre son temps (humainement parlant) pour l’écouter. Nous oublions souvent cela ! Donner sa vie, c’est donner son temps car notre vie est constituée par les années, les jours, les heures, les minutes. Donner chaque jour un peu de temps à Dieu (surtout les jours où nous disons que nous n’avons pas le temps), c’est commencer à donner sa vie. Cette expérience nous décentre de nous-mêmes et replace nos activités à leur juste place : « Tu aimeras ton Dieu de tout cœur, de toute ton âme et de toute ta force ». C’est le premier commandement et je ne peux pas accomplir le second (aimer mon prochain) si je n’accomplis pas le premier. Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus nous dit qu’il faut nous aimer comme il nous a aimés. Si je ne prends pas le temps d’écouter son amour dans la lecture de sa Parole, je ne saurai pas aimer mes frères.
  2. La Règle de saint Benoît est un modèle de communion humaine où la diversité des hommes est profondément respectée et où la valeur de l’homme n’est jamais envisagée selon des considérations mondaines. Dans la communauté de Benoît on trouve deux types de moines, ceux qui proviennent de la noblesse romaine et les goths, des barbares qui envahissent l’Italie et qui détruisent tout sur leur passage. Ces hommes que tout oppose et qui dans le monde s’entretuent s’appellent frères, ils mettent tout en commun et ils restent ensemble jusqu’à la mort. Lorsqu’en 593, cinquante ans après la mort de Benoît, le vieux pape saint Grégoire le Grand, veut redonner courage au peuple romain qui a tout perdu et qui voit les barbares occuper tous les postes clefs de l’empire, il écrit une encyclique dans laquelle au centre, il place la vie de Benoît. Il veut faire comprendre à son peuple qu’il est possible à des hommes que tout oppose de vivre ensemble et il donne comme preuve la communauté du Mont-Cassin de Benoît. Or, lorsqu’il écrit la vie de Benoît, la communauté du Mont-Cassin a été détruite par les barbares, mais personne n’a oublié cette merveille ! Pendant plus d’un demi-siècle là-bas sur cette montagne ont vécu ensemble comme des frères des Goths et des nobles romains. Si cela a été possible pour eux, cela est possible pour nous ; il ne faut pas regarder en arrière, il faut construire l’avenir en nous aimant. Tel est le message que le vieux pape a voulu délivrer à son peuple, tel est le message que la vie monastique délivre au monde depuis des siècles, tel est le message que nos deux monastères essaient de vivre au milieu de vous depuis cinquante ans.