18 juin 2025.
Mercredi de la 11ème Semaine du Temps Ordinaire
Mt 6, 1-6.16-18
Alléluia. Alléluia.
Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole,
dit le Seigneur ;
mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui.
Alléluia. (Jn 14, 23)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Ce que vous faites pour devenir des justes,
évitez de l’accomplir devant les hommes
pour vous faire remarquer.
Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous
auprès de votre Père qui est aux cieux.
Ainsi, quand tu fais l’aumône,
ne fais pas sonner la trompette devant toi,
comme les hypocrites qui se donnent en spectacle
dans les synagogues et dans les rues,
pour obtenir la gloire qui vient des hommes.
Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense.
Mais toi, quand tu fais l’aumône,
que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite,
afin que ton aumône reste dans le secret ;
ton Père qui voit dans le secret
te le rendra.
Ce passage de l’évangile, proposé au mercredi des Cendres, se situe dans la continuité du discours de Jésus sur la montagne (Mt 5-7). Il appartient à sa partie centrale, ce qui lui confère une importance particulière. Vous serez parfaits comme votre Père est parfait : ainsi se concluait le passage précédent.
Si la Loi fut présentée par Jésus comme une parole d’Alliance, l’éthique du croyant – ‘pour devenir des justes’ – devient tout aussi théologale. En effet, Jésus insiste davantage sur l’attitude intérieure et sincère du croyant qu’à son obligation d’agir en vue d’être juste – tel un bon soldat de la foi. Le discours de Jésus privilégie la relation filiale à l’obligation du croyant.
L’ensemble de cette section est constitué de trois passages construits sur un même modèle : Quand vous (faites ceci), ne soyez pas comme les hypocrites qui… Mais toi, quand tu (fais ceci, fais-le ainsi…) ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. Ce modèle concerne trois attitudes : l’aumône, la prière et le jeûne. C’est au cœur de ce passage que Matthieu a inséré la prière du Notre Père que l’Église n’a pas retenu dans le découpage liturgique du texte de ce jour. Nous l’entendrons demain.
Prenons connaissance du texte tel que la liturgie de ce jour nous le donne.
Ne rabâchez pas
Avec la prière, et peu avant d’offrir sa prière, Jésus critique également une autre attitude qui s’éloigne de toute sincérité (6,7 : Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens). Cette récitation, souvent superstitieuse, ne correspond pas à l’attitude filiale qui doit habiter le croyant, dans sa relation au Dieu-Père.
Ces versets critiquent le détournement de ce que devrait être une prière.
Chez les païens, mais on en trouverait aussi parmi des groupes juifs et chrétiens de l’époque, la récitation répétée d’une même prière parvient à ouvrir les oreilles de la divinité, ou de Dieu, qui peut consentir à exaucer un vœu.
La prière n’est donc plus perçue comme un lieu de dialogue et d’écoute mais comme un moyen de commercer avec Dieu, d’accéder à sa volonté : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés.
Or, ce que vient souligner ce discours sur la montagne, c’est combien Dieu est proche et bienveillant comme le sont les parents envers ses enfants. Ce Dieu-Père n’a nul besoin d’entendre des rabâchages : il connaît ses enfants et ce dont ils ont besoin : votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé.
Dans le secret ?
Ainsi, Jésus insiste sur le secret de ces bonnes œuvres. Ce secret est dérangeant. Quoi : ne pas montrer qu’on fait œuvre de charité, que l’on prie, que l’on jeûne !? Mais qui pourra nous gratifier d’être juste et bon ?
Pire, ces actions cachées pourraient produire l’effet inverse. Aux yeux des autres, le bon croyant, qui agit bien mais secrètement, peut apparaître comme un impie, comme celui qui ne prie pas, ne jeûne pas et ne fait pas preuve de charité !
Dans ce passage, le témoignage devient invisible ou du moins sans ostentation. Jésus invite à la foi active mais humble, discrète et désintéressée. Cette foi sincère se fonde sur l’amour avant la récompense : donner sans attendre de contrepartie, prier dans le silence, jeûner sans en avoir l’air…
25 janvier