9 décembre 2024.
Solennité de l’Immaculée Conception
Lc 1, 26-36
26 Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,
27 à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.
28 L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. »
29 À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.
30 L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.
31 Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus.
32 Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ;
33 il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »
34 Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? »
35 L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu.
36 Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile.
37 Car rien n’est impossible à Dieu. »
38 Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » Alors l’ange la quitta.
S’il fallait réfléchir sur la légitimité de la dévotion mariale dans l’Église catholique, sans hésiter, nous pourrions nous référer à ce verset de saint Luc : « Désormais, toutes les générations me diront bienheureuse ». En ce sens, si l’Église cessait de vénérer Marie, elle ne respecterait pas un précepte qui lui est donné. La dévotion à Marie est fondée sur un désir immense de Dieu de nous voir nous réjouir du bonheur de la grâce donnée à nos frères et à nos sœurs.
Nous connaissons Dieu essentiellement à travers l’histoire qu’il a tissée avec des hommes où son être apparaît tellement que, grâce à eux, il peut être nommé : « le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob ». Marie est un de ces êtres qui entrent dans le Nom de Dieu, elle nous révèle l’amour maternel de Dieu.
Lorsque l’ange la salue par ce terme « réjouis-toi », il reprend un terme qui, dans la Septante (la Bible grecque), évoque la joie messianique, c’est aussi le sens propre du mot «Évangile» qui désigne une joie nouvelle qui met fin aux souffrances interminables. Ce salut adressé à Marie n’est pas une banalité.
Nous sommes souvent tristes et la raison de notre tristesse réside dans le poids de notre souffrance et l’absence d’espérance. Lorsque Dieu salue Marie, à travers elle, il salue toute l’humanité qu’il invite à devenir joyeuse, de la joie la plus profonde. Pourquoi Marie doit-elle se réjouir dans un tel monde marqué par la souffrance et par le péché ? Parce que « le Seigneur est avec toi » lui dit l’ange !
Dans le Livre de Sophonie, Dieu avait promis qu’il allait venir établir sa demeure au milieu de Sion. Désormais, la demeure de Dieu est le sein d’une jeune-fille de Nazareth. Marie devient la Fille de Sion personnifiée et Jésus est Dieu qui vient demeurer au milieu de son peuple. Dieu dans la chair d’un être qui devient sa demeure au milieu de la Création ! C’est pour cela que tout ce que l’Église (la demeure de Dieu parmi les hommes) est et doit être, elle l’apprend concrètement en contemplant Marie.
Dire que Marie est Sion en personne, c’est dire qu’elle ne vit pas pour elle-même, elle vit en conformité avec l’Histoire Sainte et elle incarne le peuple d’Israël.
Marie est ensuite appelée « pleine de grâce ». La grâce et la joie en grec relèvent de la même origine étymologique. La joie provient de la grâce. Qu’est-ce que la grâce ? Nous avons trop chosifié ce concept. La grâce est avant tout un concept relationnel, une relation entre un «je» et un «tu», entre Dieu et nous. «Tu es pleine de grâce» signifie « tu es remplie de l’Esprit Saint, ta vie est en lien avec Dieu ». La grâce, c’est Dieu lui-même en tant qu’il se donne, car le don de Dieu, c’est toujours Dieu lui-même !
Marie est pleine de grâce, Marie s’est ouverte à Dieu sans rien craindre pour son avenir car elle est en totale relation avec Dieu, c’est pourquoi elle aime… d’un amour qui transperce son âme (selon l’expression du vieillard Syméon).
Cette souffrance de Marie a été au long des siècles, une grande lumière pour le peuple chrétien. En regardant Marie avec son fils mort sur ses genoux, ceux qui souffrent ont trouvé le reflet de la compassion divine, c’est-à-dire, une grande consolation. Cette « souffrance avec », seule, peut guérir la douleur.
Marie est le symbole vivant de la miséricorde divine et de la souffrance maternelle de Dieu rendue visible, tangible, à travers Marie, un être humain entièrement fondu dans le mystère divin.
La joie annoncée à Marie dans le récit de l’Annonciation est une joie pascale qui n’est pas détruite par la souffrance, par l’épreuve et par la mort, au contraire, cette joie est la seule à pouvoir faire face à la souffrance, à l’épreuve et à la mort.
« Les générations me diront bienheureuse ». Disons la joie de Marie, disons-la pour nous, disons-la pour tous ceux qui sont les parias de notre société, disons-la pour tous ceux qui sont désespérés, disons-la car en la disant nous entrons dans une bénédiction, celle de demeurer avec Dieu, avec Jésus-Christ, Dieu avec nous.
8 octobre