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15 mars 2025.

Samedi de la 1ère Semaine du Carême

Mt 5, 43-48

On lit dans le Livre de la Genèse que Lamek – descendant de Caïn – dit à ses femmes : « Ada et Çilla, entendez ma voix, femmes de Lamek, écoutez ma parole J’ai tué un homme pour une blessure, un enfant pour une meurtrissure. (Gn 4, 23)

On lit aussi dans la loi de Moïse : Si un homme blesse un compatriote, comme il a fait on lui fera:  fracture pour fracture, œil pour œil, dent pour dent. Tel le dommage que l’on inflige à un homme, tel celui que l’on subit. (Lv 24,19-20).

Du texte de la Genèse à celui du Lévitique, c’est déjà un grand progrès et l’on peut se prendre à rêver que la Loi du Talion soit appliquée dans le monde et dans les pays en guerre.

Jésus nous dit ce matin : Aimez vos ennemis.

Nous demande-t-il l’impossible ? La loi de Jésus est-elle surhumaine ?

A moins que l’amour des ennemis soit plus naturel à la vocation de l’homme que la loi de la jungle ou même la Loi du Talion ?

Pour saint Jean Cassien, ce qui avait été donné par Dieu à la nature humaine lors de la création, a été redonné à l’homme par la loi de Moïse et par la loi de l’Évangile ; pour Cassien, mais aussi pour saint Basile et pour les Pères de l’Orient et la doctrine monastique, l’amour des ennemis fait partie de la loi naturelle, l’écrit ayant pour fonction de compenser les déficits de la nature humaine dévoyée ; loin de violenter la nature de l’homme, le commandement de l’Évangile vient en manifester la grandeur et la vocation :

« Que l’homme ait reçu dès l’origine de la création une connaissance infuse de toute la loi, celle de Moïse et celle de l’Évangile, nous en avons une preuve manifeste dans ce fait que tous les saints, avant la loi, avant même le déluge, ont observé, sans code, les commandements de la loi de Moïse et de l’Évangile. Où Hénoch apprit-il à marcher avec Dieu, alors que personne ne lui avait communiqué les lumières de la loi ? Qui avait enseigné Loth à rendre humblement les devoirs de l’hospitalité aux voyageurs et aux étrangers et à leur laver les pieds, alors que le commandement de l’Évangile ne brillait pas encore ? Quel saint ne manqua jamais, avant la loi, d’observer un seul précepte de la loi, je ne dis pas seulement de la loi de Moïse, mais de l’Évangile lui-même ? » (CASSIEN, Conférence VIII, 23,3).