13 septembre 2024.
Saint Jean Chrysostome
Que ta souffrance ne te trouble pas !
D’une lettre de saint Jean Chrysostome.
Ne te laisse pas troubler par les évènements, mais cessant d’appeler telle personne ou telle autre à ton secours et de poursuivre des ombres – car c’est cela le secours humain – supplie sans cesse le Dieu que tu adores de faire seulement un signe, et tout en un instant s’arrangera. Si tu l’as déjà supplié et si les choses ne se sont pas arrangées, c’est que Dieu n’a pas l’habitude de supprimer les souffrances dès le début (…) mais lorsqu’elles sont arrivées au plus haut point, lorsqu’elles ont augmenté, lorsque la méchanceté des ennemis est à son comble, alors d’un seul coup il ramène tout au calme et conduit les choses à une stabilité inespérée (…)
N’aurait-il pas pu, dès le début, empêcher les trois jeunes gens du Livre de Daniel de subir cette épreuve ? Mais il ne le voulut pas, amassant pour eux des richesses abondantes. A cause de cela, il permit qu’ils fussent livrés aux mains des barbares, que le brasier jaillit à une hauteur inexprimable, que la colère du roi s’enflammât plus dangereusement que le brasier, qu’on leur liât les mains et les pieds et qu’on les jetât au feu ; lorsque tous les spectateurs renoncèrent à les voir sauvés, c’est alors que l’action merveilleuse de Dieu, cet artiste incomparable, apparaissait contre toute espérance et brillait avec un grand éclat. Car le feu était prisonnier et les prisonniers étaient délivrés ; le brasier était un temple de prière, une source, une rosée ; cet élément qui dévore tout, qui a raison du fer et de la pierre, qui réduit toute matière, ne put rien contre les cheveux des trois jeunes gens.
Le chœur harmonieux des jeunes saints se tenait là, appelant chaque créature à cet admirable concert. Ils chantaient, faisaient monter des hymnes de reconnaissance pour avoir été enchaînés, pour avoir été brûlés, autant que cela dépendait de leurs ennemis, pour avoir été chassés de leur patrie, pour avoir été faits prisonniers, pour avoir été privés de la liberté, pour avoir été bannis, sans toit, exilés, pour vivre sur une terre étrangère et barbare. Car c’est là le propre d’une âme généreuse à plus forte raison redressera-t-il ce qui existe et ce qui a été créé.
In Sources chrétiennes, n°13bis, p.139ss.