Mardi de la 23ème semaine du TO
Lc 6, 12-19
L’expression en ces jours-là n’est pas seulement chronologique. La scène du choix des Douze, chez Luc, reçoit ainsi une dimension eschatologique. Effectivement en ces jours-là est également une expression caractéristique des oracles prophétiques sur les temps derniers.
Jl 4,1 : « Oui, voici qu’en ces jours et en ce temps, où je ramènerai les captifs de Juda et de Jérusalem. »
Za 8, 23 : « Ainsi parle le Seigneur de l’univers : En ces jours-là, dix hommes de toute langue et de toute nation saisiront un Juif par son vêtement et lui diront : “Nous voulons aller avec vous, car nous avons appris que Dieu est avec vous”. »
Jr 50,4 : « En ces jours-là, en ce temps-là, – oracle du Seigneur – les fils d’Israël et les fils de Juda viendront tous ensemble ; ils marcheront en pleurant, ils chercheront le Seigneur leur Dieu. »
Ces jours-là attendus sont ceux du retour en grâce et de rassemblement des dispersés d’Israël, sous la conduite du Seigneur ou de son Messie.
Outre la notation temporelle, le site choisi est également significatif. Dans la tradition biblique, la montagne est le lieu privilégié de la révélation et de la rencontre avec le Seigneur. L’évocation de la nuit n’est d’ailleurs pas sans rappeler la scène du Sinaï rapporté par le livre du Deutéronome (Dt 4, 11-12).
Ainsi, les mentions de ces jours-là, de la montagne, de la nuit et de la prière introduisent solennellement le prochain choix des Douze, qui s’inscrit dans le dessein divin. La prière de Jésus exprime sa pleine communion avec le Père. L’élection des douze, au nombre des tribus d’Israël, manifeste ce dessein de restauration et de rassemblement attendu dans ces jours-là, aux derniers jours, lorsque le Seigneur se révélera.
Ils sont douze, telles les tribus d’Israël, et expriment, par leur nombre, la volonté de manifester la venue, en ces jours-là, de ce royaume, annoncé par Jésus.
Ils sont douze, et les évangiles synoptiques s’accordent à peu près sur les noms. Luc est celui qui ne s’attarde pas à décrire les relations de fratrie entre Jacques et Jean (Mt 10,2-4 ; Mc 3,16-19), ni à les surnommer Boanerguès, fils du tonnerre (Mc 3,16). Cependant, Luc est le seul à substituer Jude fils de Jacques au Thadée de Marc et Matthieu.
La mention des Douze est marquée par les qualificatifs. Là, Simon reçoit, par Jésus, le nom de Pierre. Ce changement indique non seulement une nouvelle vocation mais exprime aussi l’autorité paternelle de Jésus sur ces Douze, dont le premier d’entre eux. Ces Douze sont appelés, nommés, comme des fils qu’ils auront à devenir.
L’appel de Judas, déjà désigné par anticipation de traître, permet aussi d’orienter le lecteur vers la passion. Le choix des Douze ne s’inscrit donc pas dans un esprit de conquête, mais dans une volonté de révélation.
26 Août