10 octobre 2025.
Vendredi de la 27ème Semaine du Temps Ordinaire
Lc 11, 15-26
« Si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est venu jusqu’à vous » (Lc 11, 15-26)
Alléluia. Alléluia.
Maintenant le prince de ce monde
va être jeté dehors, dit le Seigneur ;
et moi, quand j’aurai été élevé de terre,
j’attirerai à moi tous les hommes.
Alléluia. (Jn 12, 31b-32)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
comme Jésus avait expulsé un démon,
certains dirent :
« C’est par Béelzéboul, le chef des démons,
qu’il expulse les démons. »
D’autres, pour le mettre à l’épreuve,
cherchaient à obtenir de lui un signe venant du ciel.
Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit :
« Tout royaume divisé contre lui-même devient désert,
ses maisons s’écroulent les unes sur les autres.
Si Satan, lui aussi, est divisé contre lui-même,
comment son royaume tiendra-t-il ?
Vous dites en effet que c’est par Béelzéboul
que j’expulse les démons.
Mais si c’est par Béelzéboul que moi, je les expulse,
vos disciples, par qui les expulsent-ils ?
Dès lors, ils seront eux-mêmes vos juges.
En revanche, si c’est par le doigt de Dieu
que j’expulse les démons,
c’est donc que le règne de Dieu est venu jusqu’à vous.
Quand l’homme fort, et bien armé, garde son palais,
tout ce qui lui appartient est en sécurité.
Mais si un plus fort survient et triomphe de lui,
il lui enlève son armement auquel il se fiait,
et il distribue tout ce dont il l’a dépouillé.
Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ;
celui qui ne rassemble pas avec moi disperse.
Quand l’esprit impur est sorti de l’homme,
il parcourt des lieux arides
en cherchant où se reposer.
Et il ne trouve pas. Alors il se dit :
“Je vais retourner dans ma maison,
d’où je suis sorti.”
En arrivant, il la trouve balayée et bien rangée.
Alors il s’en va,
et il prend d’autres esprits encore plus mauvais que lui,
au nombre de sept ;
ils entrent et s’y installent.
Ainsi, l’état de cet homme-là
est pire à la fin qu’au début. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Après avoir médité avant-hier sur le « Notre Père » où Jésus répondait à une question des Apôtres : « Seigneur, apprends-nous à prier », l’Évangile d’hier était en quelque sorte une médiation du Seigneur sur le « Notre Père ». Aujourd’hui, à la suite de l’Évangile d’hier, Jésus expulse un démon qui a rendu un homme muet ; cet homme, aussitôt libéré se met à parler et provoque l’admiration de tous, mais certains de ceux qui sont là interprètent l’action de Jésus comme diabolique, d’autres encore lui réclament un signe venant du ciel.
N’oublions pas que nous sommes toujours dans le contexte du Pater et que chaque Évangile a sa cohérence interne ; la liturgie, pour des raisons pastorales découpe l’unité de ce Livre en péricopes quotidiennes, mais nous gagnerons toujours, en intelligence et en profondeur, en reliant ces passages à ce qui les précède et à ce qui les suit, démarche très aisée techniquement pour ceux qui utilisent le site AELF sur leurs portables, ou sur leurs ordinateurs !
Nous sommes toujours dans le même chapitre 11, dans le contexte du Pater, où Jésus nous déclare le lien inséparable entre la filiation et la fraternité. Être Fils du Père, c’est se conduire en frères de tous, car tous sont fils du même Père : voilà la prière, voilà la foi !
Jésus, le Fils unique du Père, en s’incarnant est devenu l’un de nous pour que nous devenions ce qu’Il est, fils et filles du Père, ses frères et ses sœurs. Il nous considère ainsi au point d’en mourir pour nous. Or, aujourd’hui, voilà un homme muet, rendu tel, non pas par le Père, mais par le diable, le diviseur ! Cet homme passe, il ne lui demande rien, mais il est son frère : un homme qui n’a pu entendre le « Notre Père » et qui ne pourra jamais le dire avec ses frères, un homme qui ne pourra pas prier. Comment Jésus peut-il l’admettre alors que cet homme est son frère ? Il le guérit pour qu’il devienne ce qu’il est : un fils du Père et un frère de Jésus et de chacun de nous.
L’action de Jésus est interprétée autrement par beaucoup, au point que certains réclament de lui un signe, un autre signe (?) qui attesterait de la vérité de son message. Incapables qu’ils sont d’interpréter ce qui vient de se passer sous leurs yeux !
La réponse de Jésus tente de les ramener à la raison :
- Qu’est-ce que le Royaume de Dieu dont parlait les Prophètes et qui a fait l’objet d’une demande du Notre Père : « Que ton règne vienne ! » ? Une famille unie et qui n’est divisée par aucun démon qui provoque l’exclusion, le mutisme, la division… S’il en va autrement, la famille se divise et ce n’est plus le Règne de Dieu !
- Si le fait de construire l’unité entre les fils du même Père, de rendre la parole à un homme exclu par la maladie, la pauvreté ou le péché est un acte démoniaque alors ce serait dire que le diable fait le travail de Dieu !
- Oui, ce que Jésus, aujourd’hui, fait sous nos yeux est l’œuvre de Dieu et non de Béelzéboul : il restaure l’homme dans sa dignité d’homme pour qu’advienne la fraternité et que cette Famille de Dieu qu’est l’humanité manifeste que Dieu est Père de tous !
- Si vous voyez les choses autrement, si vous appelez « bien » ce qui est mal et « mal » ce qui est bien, alors la fraternité ne pourra jamais advenir et la paternité de Dieu ne sera jamais découverte, votre maison s’écroulera comme il en va dans une famille qui s’est divisée.

20 octobre