14 avril 2025.
pour nous aider à vivre la célébration du Mystère Pascal, le Triduum Pascal
Introduction.
Avant de traiter le Triduum pascal, relevons quelques éléments d’histoire relatifs à la célébration de la Semaine Sainte.
Ce que nous vivons aujourd’hui pendant la Semaine Sainte est très ancien dans l’Église, mais c’est surtout le fruit d’une évolution qui a eu lieu pendant les cinq premiers siècles.
Tout d’abord, arrêtons-nous à la célébration la plus ancienne de la Semaine Sainte, la Vigile pascale, la célébration majeure de toute l’année liturgique. Pendant les quatre premiers siècles, elle suffisait à la célébration plénière du Mystère pascal.
C’est pendant la Vigile pascale qu’est commémorée la mort et la résurrection du Seigneur et les fidèles y participent dans leur chair en célébrant pendant cette célébration tous les baptêmes de l’année.
On célèbre la mort et la résurrection en faisant soi-même, un passage essentiel de la mort à la vie.
Dans cette première couche de la Semaine Sainte, il y a tout le Mystère de la Semaine Sainte.
La seconde couche est célébrée par une série d’éléments importés de Jérusalem.
A Jérusalem, on célébrait la Vigile pascale, comme dans toutes les Églises, mais pour s’y préparer, on se rendait dans les jours qui précèdent sur les lieux mêmes où les évènements ont eu lieu, et l’on faisait une sorte de « représentation théâtrale » des évènements qui se sont déroulés le jeudi saint et le vendredi saint… L’afflux des pèlerins à Jérusalem a donné un côté très populaire à ces dévotions.
Cette seconde couche, à l’origine, est moins de l’ordre de l’unité du Mystère pascal, mais davantage de l’ordre de la représentation des évènements… Appartiennent à cette couche : la procession des Rameaux, la Messe du Jeudi saint et l’adoration de la croix.
Prenons un exemple :
- Dans la première couche (pendant les 4 premiers siècles), la Messe de la Vigile pascale se célèbre la nuit et cela, pour une raison doctrinale : c’est du milieu des ténèbres et de la mort que jaillissent la lumière et la vie.
- Dans la seconde couche, la messe du Jeudi saint se célèbre à l’heure du repas du soir (vers 18h) pour une raison historique : refaire le plus scrupuleusement possible ce que le Christ a fait ce jour-là et, si possible, à la même heure, à l’heure du repas… et c’est la même raison, celle de « mimer » qui invite à pratiquer le lavement des pieds.
- Il en va de même pour le Vendredi Saint.
Telle est donc bien la portée de cette seconde couche : représenter jusque dans le détail les évènements mêmes de la Passion.
La réforme qu’opèrera le pape Pie XII en 1950 (environ) va viser à honorer ces deux couches :
- La couche la plus ancienne, celle du Mystère, en rétablissant la Vigile pascale qui avait pratiquement disparue dans l’Église.
- La seconde couche en valorisant la participation et la dévotion des fidèles par l’importance de la Messe du Jeudi Saint et la Célébration de la Passion du Vendredi Saint (que le chemin de croix ne peut pas remplacer).
Il n’en reste pas moins que, pour le Peuple de Dieu, certains éléments secondaires vont en venir à remplacer l’essentiel :
- La Messe des Rameaux dont l’essentiel était l’Evangile de l’entrée de Jésus à Jérusalem et la procession d’entrée qui signifiait l’entrée de Jésus à Jérusalem, va se réduire à la bénédiction des Rameaux… On disait alors : je vais à la Messe des Rameaux pour avoir dans ma maison le « bois béni ».
- La Messe du Jeudi Saint va apparaître comme secondaire au Peuple de Dieu qui considérait comme essentiel le fait du culte eucharistique toute la nuit et toute la journée du Vendredi Saint autour du reposoir… Célébrer le Jeudi Saint signifiait avant tout pour les chrétiens : être allé prier au reposoir.
- La Grande célébration du Vendredi Saint était peu pratiquée, le peuple de Dieu préférait le chemin de Croix… avoir célébré le vendredi saint, c’était avoir fait le chemin de croix.
- La fête de Pâques se résumait au fait de communier car la plupart des chrétiens ne communiait alors qu’une fois par an, le Jour de Pâques ; c’était un commandement de l’Église : communier au moins une fois par an, le Jour de Pâques.
La Réforme liturgique de Vatican II va restaurer la célébration de la Semaine Sainte telle qu’elle était vécue aux origines de l’Église et l’on peut résumer cela en 3 points :
- Redonner l’importance primordiale à la Vigile pascale
- Célébrer le Mémorial de la Sainte Cène en lien avec le Mystère pascal.
- Célébrer le Mémorial de la mort du Christ avec la liturgie très ancienne de la célébration du Vendredi Saint, pleine du Mystère pascal.
La célébration du chemin de croix qui est une dévotion populaire très belle mais qui n’est pas liturgique sera réservée aux vendredis du Carême ou bien au début de l’après-midi du Vendredi Saint.
Nous verrons mardi et mercredi le sens profond de chacune de ces quatre célébrations que sont :
- Les Rameaux
- La Messe du Jeudi Saint
- La célébration de la Passion du Vendredi Saint
- La Vigile pascale.
Le Dimanche des Rameaux
Dimanche, nous avons célébré le « Dimanche des Rameaux ».
Cette fête trouve son origine à Jérusalem au 5ème siècle où, dans la soirée du 6ème dimanche de Carême, l’on célébrait l’entrée de Jésus à Jérusalem par une procession. Ensuite, ce rite se répandit peu à peu en Orient, puis, au 8ème siècle seulement en Occident.
Dans ce rite, il y avait un élément secondaire, le fait de distribuer les Rameaux et de les agiter en chantant « Hosanna » et un élément essentiel, celui de la Lecture de l’Evangile de l’entrée de Jésus à Jérusalem.
Au 8ème siècle, en Occident, avec l’apparition du « Dimanche des Rameaux », le 6ème dimanche de Carême ; on voit apparaître aussi le « Dimanche de la Passion », le 5ème dimanche du Carême qui, en quelque sorte, prépare le Peuple de Dieu à la liturgie du Vendredi Saint.
Avec la Réforme liturgique de Vatican II, l’on est revenu à la pratique liturgique des Pères de l’Église (conservée en Orient jusqu’à aujourd’hui) avec, les cinq semaines de Carême, puis la semaine sainte.
Ceci dit, Vatican II a tenu compte d’une pratique millénaire en Occident celle de la lecture de la Passion et celle de la célébration des Rameaux en associant les deux fêtes ; désormais la Semaine Sainte s’ouvre avec le « Dimanche des Rameaux et de la Passion ». Dans la même célébration, l’on acclame le Christ qui entre à Jérusalem et l’on entend tout ce qui va se vivre dans la Semaine Sainte. La célébration du dimanche des Rameaux et de la Passion, c’est à la fois l’introduction et le résumé de la Semaine Sainte.
La messe chrismale.
Elle a lieu le matin du Jeudi Saint ou en début de la semaine sainte. C’est la célébration de la consécration des Saintes-Huiles.
Elles sont consacrées, non pas à la sacristie par l’évêque, comme c’était le cas avant le Concile, en-dehors de la liturgie, mais comme dans certaines Églises depuis le Ve siècle, et dans toutes les Églises, depuis le VIIIe siècle, lors de l’eucharistie, dans une célébration qui est l’une des plus importantes de la vie liturgique du diocèse.
Cette célébration prépare tous les baptêmes, toutes les confirmations, toutes les ordinations, tous les sacrements des malades, qui seront conférées dans le diocèse tout au long de l’année liturgique.
Cette « liturgie des huiles » montre combien chaque église, chaque paroisse, chaque monastère est dépendant de la cathédrale et de l’évêque.
Ces huiles ne peuvent pas être utilisées avant la vigile pascale qui donnera au Peuple de Dieu l’eau baptismale.
Dans les premiers siècles, les huiles étaient transportées solennellement, en procession et avec des chants depuis la cathédrale jusque dans chaque paroisse et dans chaque monastère. L’on appellait cela « la route des huiles ».
La Messe du Jeudi Saint
Cette Messe est une Mémoire de la Sainte Cène. Faire mémoire de la Sainte Cène, c’est refaire ce que le Christ a fait comme si c’était la première fois. Comme dans chaque eucharistie, l’événement passé est rendu présent ou plutôt la répétition des gestes et des paroles d’amour du Christ sont actualisées par le Christ présent au milieu de nous, dont le même amour pour nous est éternel.
C’est une fête joyeuse, ce n’est pas un jour de jeûne et il convient que le repas du soir soit festif. Les ornements sont blancs.
Dans ce Jour est aussi manifesté l’unité du Corps sacerdotal autour du célébrant principal. La concélébration ce jour-là est obligatoire et ce, même avant le Concile Vatican II, où la concélébration n’était pas autorisée en-dehors du Jeudi Saint.
Ce jour-là, est aussi célébré le rite du lavement des pieds, conformément à l’Evangile qui est lu à la messe de ce jour. Le Jeudi Saint, le Christ Serviteur, nous fait tous serviteurs les uns des autres.
Ce rite du lavement des pieds du Jeudi Saint appelé aussi « mandatum » trouve son origine dans la pratique des monastères où il était pratiqué depuis le 7ème siècle et où dans chaque monastère, tous les moines allaient ce jour-là, nourrir les pauvres des villages environnants. Il a été adopté par l’Église au XIIe siècle.
Après le repas du Jeudi Saint et, jusqu’à 12h le vendredi Saint, le Peuple chrétien se tient auprès du reposoir pour méditer la mort du Christ à partir du chapitre 17 de saint Jean. Ce temps est différent symboliquement de la Fête -Dieu où le Peuple de Dieu adore Jésus Eucharistie.
La célébration de la Passion le Vendredi Saint.
L’Office du Vendredi Saint est le plus pur de tous les Offices de l’année liturgique car il n’a pas évolué, il est resté tel qu’il était aux origines de l’Église et il manifeste ce qu’était la prière des premiers chrétiens.
Il s’ouvre par une entrée silencieuse et une prostration au sol. Ensuite, l’on a une oraison, des lectures et une prière universelle qui a gardé le schéma des prières universelles jusqu’au XIe siècle : intention, prière, inclination silencieuse.
Ensuite vient la liturgie de la Croix.
La découverte supposée de la vraie croix au IVe siècle a conduit à un culte extraordinaire des chrétiens au bois de la Croix. Les reliques de la Croix furent déposées dans toutes les églises de la chrétienté. En Gaule, pendant tout le premier millénaire, avant de communier et de recevoir le Corps du Christ, le chrétien baisait la relique de la vraie croix.
Il est important ici de préciser, contrairement à ce qui se dit parfois que l’on n’adore pas la Croix (on adore Dieu seul), mais le Vendredi Saint, par le baiser à la Croix, nous proclamons notre foi au Christ ressuscité et au paradoxe de la vie chrétienne, tel qu’il est défini chez saint Paul et chez saint Jean : Le Christ est Roi sur la Croix et la puissance de Dieu se déploie dans la faiblesse humaine.
Après la vénération de la Croix, nous avons la communion aux pré-sanctifiés, c’est-à-dire que nous nous nourrissons de la vie du Christ, ce qui signifie trois choses :
- Le Christ n’est plus mort, il est bien vivant ! Nous ne pouvons pas communier au Christ mort, mais toujours au Christ ressuscité.
- Nous communions au Corps du Christ ressuscité, mais dont la vie, le message et la paix, nous sont donnés par la Croix.
- Nous proclamons une espérance pour le monde à tous les malheureux de la terre : l’espérance de Jésus-Christ.
Le Samedi Saint.
Ce jour est celui du vide liturgique et du grand silence où le Christ est descendu aux enfers pour y chercher tous nos ancêtres et les faire ressusciter avec Lui… Ce jour-là, nous sommes en communion profonde par le silence avec tous ceux qui vivent des situations désespérées.
La Vigile pascale.
C’est la plus grande célébration de l’année liturgique et elle parle aux cœurs car les symboles utilisés sont profonds et compréhensibles par tous.
Tout d’abord, le feu : la lumière qui jaillit dans les ténèbres de la nuit ; les premiers chrétiens ont sacralisé ce symbole. Le cierge pascal qui symbolise le Christ ressuscité est le personnage principal de la Vigile ; il est donc essentiel que ce soit un cierge très imposant.
Le cierge est présenté au prêtre qui grave le signe de la Croix dont les branches représentent l’un des quatre chiffres du millésime pour manifester que l’amour de Dieu et sa présence auprès de nous est tout aussi fort en 2022 que lorsque le Mystère pascal a eu lieu.
Ensuite, 3 fois est chanté « Lumière du Christ » que le peuple de Dieu reprend, puis l’on allume les cierges à la lumière du cierge pascal pour manifester que c’est le Christ qui nous éclaire pour marcher dans la nuit.
Ensuite, nous chantons l’Exultete, texte magnifique, ancien et mystérieux (personne ne sait ni d’où il vient, ni qui en est l’auteur). Il est important de lire, de relire et de méditer ce texte avant la vigile pascale : c’est le message de l’Église au monde.
Ensuite, nous avons la Liturgie de la Parole qui proclame l’Alliance de Dieu avec les hommes depuis la création du monde… et le fait que c’est le Christ qui éclaire toute l’histoire de l’humanité.
Après cela, nous avons les litanies des saints qui remplacent la Prière universelle car, pour les premiers chrétiens, la litanie des saints servait de prière universelle.
Puis, nous avons la bénédiction de l’eau, la proclamation de foi baptismale et l’aspersion qui nous permet de revivre notre baptême dans sa source, celle du Mystère pascal : nous avons été plongés dans la mort et dans la résurrection du Christ et, dans la nuit de Pâques, nous renouvelons et nous revivons symboliquement le mystère de notre baptême.
Puis enfin, suit la célébration de l’Eucharistie avec la célébration de la mort et de la résurrection du Christ.