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29 janvier

29 janvier 2025.

Révélation de Marie Cronier

29 janvier 1883

Le monastère de Bouaké, fondation du Prieuré du Christ-Roi de Toumliline au Maroc, lui-même fondation de l’Abbaye d’En Calcat, fait de nous les héritiers de la révélation faite à une jeune-fille le 29 janvier 1883. Les deux monastères : Saint Benoît d’En Calcat et Sainte Scholastique de Dourgne ont été fondés ensemble en 1890, à partir de cette révélation de 1883 et il en va de même du monastère Sainte-Marie de Bouaké, Saint-Benoît de Koubri, l’Ascension et l’Assomption de Dzogbegan, ainsi que le Prieuré de Sadori.

Louis Banquet, naît au hameau d’En Calcat en 1840. À 24 ans il entre au monastère de la Pierre-qui-Vire, fondé par le Père Muard, en 1850, dans l’Yonne. Il y devient Dom Romain. En 1874, il commence à guider spirituellement une jeune fille de 17 ans, Marie Cronier, qui achève ses études à l’Abbaye de Jouarre et qui bénéficie de grâces particulières. Il s’ensuit, entre eux, une intimité spirituelle de plus en plus profonde qui durera jusqu’à ce que la mort les sépare.

Marie Cronier reçoit donc le 29 janvier 1883 la révélation du plan d’une œuvre à laquelle le Seigneur les appelait tous deux, « une arche spirituelle qui sera sa propre demeure, où les âmes vivront de Lui, où il sera le Bien-Aimé. Ce sera son lieu choisi, si les âmes appelées ont le bonheur de le comprendre. »

C’est donc cette révélation qui sera, après bien des difficultés, à l’origine des deux monastères, En Calcat et Sainte-Scholastique, reconnus comme abbayes en 1896.

Je voudrais, en ce 29 janvier, parler un peu de cette révélation. En 1883, le contexte est difficile : en France, des lois ont été votées qui interdisent l’enseignement catholique, les congrégations religieuses sont aussi interdites et cinq mille religieux quittent la France et partent en exil. Les moines de Solesmes, de Ligugé, de la Pierre-qui-Vire, de Belloc ont été chassés. A ce moment-là, Dom Romain Banquet est prieur d’une fondation de Solesmes, le Prieuré de Saint-Pierre-de-Canon dans le diocèse d’Aix en Provence, dans le sud de la France, ils sont 10 et ils se réfugient à quelques kilomètres de là.

Le 6 janvier 1883, Dom Romain qui a alors 43 ans, réunit les moines dans l’église de Saint-Pierre-de-Canon pour consacrer la communauté au Sacré Cœur et lui demander en retour la grâce de pouvoir revenir au monastère d’une manière définitive avant la fin de l’année.

Le 1er janvier de la même année 1883, Dom Romain écrit ainsi le programme de sa vie :

« Ici-bas, ma cité sainte est l’Église catholique ;

ma famille est l’Ordre bénédictin ;

ma richesse est ma profession monastique ;

ma gloire est mon caractère sacerdotal ;

mon pain quotidien, l’Eucharistie ;

mon travail, louer Dieu et servir mon prochain ;

ma guerre, me combattre moi-même ;

ma victoire certaine est la grâce ;

mon tout est Jésus. »

Sous-diacre au diocèse d’Albi, il était entré à la Pierre-Qui-Vire, neuf ans après la mort du Père Muard (+ 1854). Il devient Profès perpétuel le 10 février 1866. Prêtre, le 15 juin 1867, il avait très tôt fait partie du groupe des « moines-missionnaires », c’est-à-dire des prédicateurs itinérants dans les paroisses. Il sera nommé Maitre des novices provincial. C’est à ce titre qu’il a été désigné comme supérieur de Saint-Pierre-de-Canon tout en continuant les prédications. C’est au cours de ses ministères qu’il rencontre, en novembre 1874, une jeune élève de l’Abbaye de Jouarre dont l’Abbesse lui avait confié la direction spirituelle, Marie Cronier.

Le 29 janvier 1883, Marie Cronier a 26 ans. Elle a obtenu ses diplômes pour être institutrice, mais elle n’exercera jamais son métier en se consacrant à sa famille et à l’éducation de son frère et de ses sœurs après la mort de sa mère. En 1875, elle prononce un vœu de virginité perpétuelle. En 1876, elle prononce ses premiers vœux de vie monastique dans les mains de Dom Romain qui la reçoit à la profession monastique pour l’Abbaye de Jouarre en précisant « à moins que Dieu ne manifeste une volonté contraire ».

Le 29 janvier 1883, Marie Cronier assiste et communie à la messe de Dom Romain. Aussitôt après la communion, Jésus lui redit les paroles adressées jadis à Abraham : « Sors de ton pays et de ta parenté, et de la maison de ton père, et viens dans le pays que je te montrerai. Bâtis-moi une demeure spirituelle, donne-moi des âmes qui se multiplieront et qui deviendront une race choisie, un peuple d’élus, et je te bénirai » (cf. Gn 12,1-2).

Le Seigneur insista ensuite pour que Marie Cronier rapporte cette révélation à Dom Romain et elle fut bouleversée par cette demande car le Seigneur lui déclara qu’elle serait la mère d’une double famille religieuse, non seulement des filles, mais des fils en très grand nombre. Elle serait la mère spirituelle, malgré son jeune âge de Dom Romain. On comprend pourquoi Marie Cronier rapporta ces paroles de Jésus à Dom Romain, à genoux devant lui, en pleurant.

Jésus a appelé cette fondation l’Œuvre en écho à l’Evangile de Jean et à l’œuvre du Père que Jésus est venu réaliser. Cette Œuvre, cette fondation, cette double famille, aura pour but de former des âmes intérieures, de vivre en union intime avec Lui. Ce n’est pas une Congrégation nouvelle, ce doit être un nouvel élan dans l’Ordre bénédictin.

Ce sera une nouvelle vie, en ce sens qu’elle fera renaître le véritable esprit religieux pour faire vivre et resplendir Jésus-Christ.

Jésus demanda à Marie Cronier que l’on revienne à l’esprit du Père Muard, c’est-à-dire à la Règle de saint Benoît en supprimant les traditions des siècles écoulés depuis saint Benoît.

Jésus lui montra ensuite l’Occident et lui déclara : « Tu bâtiras sur des ruines ».

Marie Cronier répondit à Jésus : « Pourquoi une nouvelle communauté ? »

Jésus répondit : « Pour renouveler l’esprit, je veux de nouveaux éléments »

Marie Cronier : « Mais Seigneur, je n’ai rien de ce qu’il faut pour une telle œuvre ».

Jésus : « J’aime à édifier sur le néant et, pour ma Puissance, les obstacles sont des moyens. C’est Moi qui t’assisterai et te conduirai, je te préserverai d’erreur. Et quant à l’Œuvre, mon jour venu, elle se fera d’elle-même, comme un fruit mûr qui se détache de l’arbre par son propre mouvement ».

Lorsque Dom Romain entendit Marie Cronier, il reconnut les textes du P. Muard qu’il avait appris par cœur à la Pierre-Qui-Vire, il comprit qu’il s’agissait d’une fondation qui serait affiliée à la Pierre-Qui-Vire et fondée sur le Sacré-Cœur de Jésus, c’est-à-dire sur son amour et sur sa miséricorde.

C’est de cette révélation du 29 janvier 1883 que sont nées les communautés d’En Calcat, de Dourgne, de Tournay, de Bouaké, de Koubri, de l’Ascension, de l’Assomption et de Sadori au Togo. Nous sommes les héritiers de ce message : être des hommes et des femmes qui vivent en union intime avec le Christ, dans une grande simplicité, en s’appuyant non pas sur nos propres forces, mais sur son Cœur débordant d’amour pour le salut de nos frères. C’est cet héritage que nous avons à vivre pour que nos frères et sœurs de Côte d’Ivoire, du Togo, de France, du Burkina Faso, sachent que le Christ les aime.