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27 septembre

27 septembre 2024.

Vendredi de la 25ème Semaine du Temps Ordinaire

Lc 9, 18-22


En prière à l’écart

L’association des termes en ce jour-là (en grec Il advintégénéto, ἐγένετο ) et de la prière de Jésus confère au récit une réelle solennité. L’évangéliste associe sa prière à un événement de haute importance, lié à la révélation et à l’avènement du règne : la théophanie du Jourdain (3,21), le choix des Douze (6,12), comme aussi, plus loin, lors de la Transfiguration (9,28.29), pour le don du Notre Père (11,1), avant son arrestation au mont des Oliviers (22,41). La prière de Jésus n’est pas seulement un instant solitaire. Comme au Jourdain elle inscrit l’action et la parole de Jésus dans une pleine communion au dessein de Dieu. La prière de Jésus est tout autant liée au miracle des pains multipliés qu’à la question de Jésus à ses disciples : elle souligne la question de la reconnaissance du Christ.

 

Qui suis-je ?

La question de l’identité de Jésus court depuis le début de son ministère. Tous s’interrogent : les habitants de Nazareth (4,14 : N’est-ce pas là le fils de Joseph ?), les pharisiens (5,21 Qui est-il celui-là ?), Jean le baptiste (7,19 Es-tu celui qui doit venir ?), et plus récemment encore, ses propres disciples (8,25 : Qui est-il donc… ?), sans oublier Hérode (9,9 : Quel est cet homme ?).

Cette fois-ci, Jésus prend l’initiative, auprès de ces disciples, qui depuis la tempête apaisée s’interrogeait. Jésus interroge le qu’en-dira-t-on populaire. Cette première question, au dire des foules, permet de faire le lien avec l’interrogation d’Hérode (9,7-9). La réponse de la foule est assez similaire que celles des conseillers du roi. Toutes deux posent un regard extérieur sur Jésus et ses activités. Il est ainsi toujours comparé à Jean le baptiste, Élie et un autre prophète ressuscité.

La résurrection ne correspond pas seulement à un retour à la vie, mais, manifeste, dans la foi juive, l’inauguration du jugement divin. Avec l’avènement des temps messianiques advient, selon certaines croyances, surtout pharisiennes, la résurrection des morts. La présence de Jésus est alors perçue comme le début des temps derniers.

 

Pour vous, qui suis-je ?

Jésus a interrogé ses disciples sur le regard extérieur de la foule. Maintenant, ce sont eux qu’il interroge, eux qui l’ont suivi dans cette annonce de la Bonne Nouvelle. La question de Jésus renvoie, également, à leur première interrogation, lors de la tempête apaisée. 8,25 : Qui est-il donc, celui-ci, pour qu’il commande même aux vents et aux flots, et que ceux-ci lui obéissent ? Les signes donnés sur le lac (8,22-25), sur la rive gérasénienne (8,26-39), auprès de Jaïre (8,40-56) ainsi que le succès de la mission des Douze (9,1-6) et la multiplication des pains (9,10-17) constituent, au sein du récit lucanien, un cadre qui a permis aux disciples de trouver la réponse à leur question, dans la proximité avec Jésus et l’expérience de la Bonne Nouvelle.

Ainsi, alors que, face aux rumeurs, Hérode s’interrogeait, curieux et méfiant, les disciples, par la voix de Pierre, font œuvre de profession de foi. Le prophète ressuscité de la rumeur et l’homme énigmatique d’Hérode laisse place au Christ de Dieu.

 

Christ de Dieu

C’est la première qu’est prononcé publiquement le christ à propos de Jésus, durant son ministère. Ce terme (christos, χριστός), équivaut au mot messie (de l’hébreu : mashiah, מָשִׁיחַ ) et signifiant, tous deux, celui qui a reçu l’onction. Le lecteur de Luc en était déjà informé dès l’annonce de la naissance de Jésus aux bergers : Aujourd’hui, il vous est né un Sauveur qui est le Christ Seigneur (2,11). Le mot avait été prononcé à propos du baptiste, titre qu’il refusait et destinait à un plus fort que lui (3,15).

Cependant, lors de la prédication de Jésus à Nazareth, ce dernier avait lu ce passage du prophète Isaïe (Is 61,1) : (Lc 4,18) le Seigneur m’a consacré par l’onction, suscitant la première interrogation à son sujet. En reconnaissant en Jésus, le Christ de Dieu, Pierre accorde à Jésus ce titre reçu du Seigneur. Il reconnaît en Jésus celui qui vient accomplir le règne de Dieu, annonçant la Bonne Nouvelle, offrant une libération aux captifs et ce temps favorable de grâce (4,18-19). Pierre reconnaît en Jésus non pas les prémices annonciatrices du royaume, comme Jean ou Élie, mais l’aujourd’hui du royaume. La foi de Pierre représente une réelle reconnaissance du Christ en Jésus et de l’avènement actuel du règne.

 

Du Christ à la Passion

Le Christ est proclamé par Pierre. Contrairement à Marc et Matthieu, Luc ne mentionne aucune réaction de ce dernier à l’annonce de la mort de Jésus. Cependant, comme pour les autres évangélistes, il faudra attendre le séjour à Jérusalem (20,41 ;22,67), le procès et la crucifixion (23,2.35.39) et surtout la résurrection (24,26.46) pour réentendre ce mot qui aura alors pris tout son sens. C’est bien pourquoi, la profession de foi de Pierre est suivie aussitôt par l’annonce de la Passion du Fils de l’Homme, un titre déjà entendu et associé à l’avènement du jugement dernier. Le silence demandé aux disciples les oblige, ainsi que les lecteurs, à attendre la pleine révélation pour mieux définir ce mot : Christ de Dieu.