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25 mai 2025.

6ème dimanche de Pâques

Année C

Jn 14,23-29

« C’est la Paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne ». Jésus nous donne sa Paix mais il précise qu’il ne s’agit pas de la paix des hommes, fondée sur la protection, la dissuasion, les traités, mais de la Paix du Seigneur, la plus belle de toutes, la plus sûre aussi mais aussi la moins tangible car c’est la Paix que donne l’amour, c’est la Paix de Jésus-Christ, celle qui est fondée sur la vulnérabilité des uns vis-à-vis des autres et jamais sur un rapport de force.

La paix, pour le prophète Isaïe comme pour le prophète Michée, c’est le nom du Messie :

On proclame son Nom : « … Prince de la paix ». (Is 9,5b).

Lui-même, il sera la paix (Mi 5,4).

Luc fait chanter la paix par les anges la nuit de Noël : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime (Lc 2,14) ; il la fait proclamer par la foule qui accueille Jésus entrant dans Jérusalem le jour des Rameaux : Béni soit celui qui vient, lui, notre Roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux ! (Lc 19,38).

Mais la Paix dans le Nouveau Testament, c’est surtout le cadeau de Pâques, c’est le don du Christ ressuscité.

Je voudrai méditer avec vous sur ce thème de la paix donnée par le Christ ressuscité.

Que ce soit chez saint Luc ou chez saint Jean, lorsque le Christ ressuscité s’approche de ses apôtres et qu’il leur dit « La Paix soit avec vous ! », il s’adresse à des hommes qui ont peur et qui vivent dans l’angoisse : Saint Jean nous montre les Apôtres ayant verrouillé les portes de la maison : inquiets d’être découverts…

Jésus vient au milieu d’eux, il leur dit sa paix et les voilà libérés. Telle est la merveille de Pâques qui ouvre une espérance dans nos vies et qui donne la joie.

Comment a-t-il fait pour les apaiser ?

Il leur dit « la paix soit avec vous » et il leur donne ce qu’il leur a dit  en  leur montrant ses mains et son côté,  c’est-à-dire en leur montrant son amour.

C’est l’amour du Christ qui apaise et qui libére.

Aujourd’hui, dans l’Évangile, Jésus nous déclare que, même si nous ne le voyons plus, il nous annonce toujours cette paix, il continue de nous la donner. Il continue à nous inviter à dépasser nos peurs et nos angoisses, à accueillir sa présence… comment ?

En aimant et en gardant sa parole… L’on aime lorsque l’on garde sa parole et l’on garde sa parole lorsque l’on aime et lorsque l’on aime, nous sommes avec Dieu. La Parole de Dieu n’est pas quelque chose de limité, elle se découvre dans l’amour comme une présence. Aimer signifie ici accueillir plus que donner : accueillir une Parole vivante, c’est-à-dire être attentif à la manière dont Dieu manifeste sa vie dans nos vies, dans nos familles, dans notre monde… C’est l’expérience vécue par les Apôtres dans la première lecture :

Des païens ont découvert Jésus-Christ et sont entrés dans l’Église. Des juifs de langue hébraïque demandent à être circoncis, d’autres s’y opposent, un conflit éclate dans la communauté chrétienne de Samarie. On recourt au jugement des Douze qui ont pour fonction de maintenir la communion et l’unité d’amour dans l’Église. Paul et Barnabé montent donc à Jérusalem présenter le problème aux Apôtres.

L’argument qu’ils invoqueront reviendra comme un refrain, lors du synode de Jérusalem : l’Esprit Saint est donné aux païens tout comme à nous… voilà ce que nous avons vu ! voilà ce dont nous témoignons ! De quel droit irions-nous opposer à l’œuvre de Dieu, l’exigence de la circoncision.

Le conflit a été dépassé par une Parole adressée par Dieu à la communauté et l’écoute de cette Parole a rétabli la paix dans la communauté.

Parfois, cette paix que le Christ nous donne, nous avons à l’accueillir dans une situation de guerre, de violence ou de tension… Même si nous vivons sans la paix, nous avons à reconnaître le don de la paix ! Cette paix de Dieu ne donne pas la sécurité, voilà pourquoi le Seigneur nous invite à ne pas nous troubler, à ne pas nous effrayer.

Je me souviens de cette réflexion d’un imam dans un quartier très pauvre de Bouaké en Côte d’Ivoire, au moment où les tensions étaient les plus vives, mais dans un quartier où les hommes et les femmes essayaient de s’aimer et de surmonter leurs différences ethniques par l’entraide et par la fraternité : Dans notre quartier,disait-il, la guerre est finie.

Chercher les signes de la présence de l’amour de Dieu dans notre monde, c’est garder la Parole, c’est aimer, c’est découvrir la présence de Dieu dans nos vies. Dieu aime cet homme qui garde la Parole, car il aime le Christ et qu’il le reconnaîtra dans cette Parole qui grandit en l’homme… qui est aussi sa propre Parole.

C’est le Père qui est à l’origine de ce mouvement de vie… il l’est comme celui qui reste à l’arrière-plan, parce qu’il a déposé toute sa force de vie dans le Fils et qu’il nous donne l’Esprit, son Esprit, afin de trouver cette vie dans le Fils, aujourd’hui vivant et agissant dans notre monde, dans nos familles et dans nos vies.

Il n’y a pas de paix possible sans cette reconnaissance de l’œuvre de Dieu, agissant dans notre monde, sans cette découverte de l’amour du Christ comme les apôtres le matin de Pâques.

Cette découverte du Christ agissant dans le monde ce sera notre paix qui nous permettra de vivre le décalage inévitable avec les situations de violence, d’angoisse, de tension, qu’inévitablement nous aurons à vivre.