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21 septembre

21 septembre 2024.

Saint Matthieu

Mt 9, 9-13



Un autre relèvement

Dans l’évangile de Marc (2,14) et de Luc (5,27), ce publicain, ou collecteur d’impôt est nommé Lévi, fils d’Alphée (pour Marc). La tradition a associé ce Matthieu de Capharnaüm à l’évangéliste. Ce qui ferait de ce dernier, un juif galiléen venu, non pas de la sphère religieuse, mais des pécheurs, ‘oublieux’ de la sainteté de la Loi de Moïse.

Comme en Marc et Luc, le récit suit immédiatement la guérison du paralytique et vient rappeler la puissance et l’autorité de la parole de Jésus. Le récit est des plus concis : Jésus voit, il appelle et l’homme le suit. Pas de détail, ni de tergiversation. Cette autorité, que le récit précédent avait révélée, s’exprime ici non comme une parole qui veut en imposer mais se propose comme une parole de re-création. Nous avons ici, le récit d’un autre relèvement, comme une guérison. Comme pour le paralytique Jésus voit. Ce qu’il voit c’est la condition sociale peu enviée d’un homme, une autre paralysie du péché. Comme pour le paralytique, Matthieu qui était, statique, assis à son bureau, se lève et marche pour suivre Jésus. C’est une vie nouvelle qui vient de naître sous nos yeux.

Un appel audacieux

Évidemment, ce récit n’est pas sans évoquer l’appel des quatre premiers disciples au bord du Lac (4,18-22). Matthieu devient ici la figure du publicain devenu disciple. Ce qui n’est pas anodin. Le publicain est un homme appartenant au peuple d’Israël chargé de collecter l’impôt pour l’occupant Romain en y ajoutant au gré de ses besoins la part de ses revenus. C’est un homme peu considéré généralement, et l’on devine pourquoi. Il ponctionne les revenus et travaille pour un occupant, mais en plus ce serviteur des finances romaines contribue à la prospérité d’une nation païenne et ses cultes. Il se compromet ainsi dans l’impureté et devient un homme infréquentable aux yeux des juifs pieux comme les pharisiens. 

Ce n’est pas un homme « simple » comme un pécheur du Lac mais une personne peu considérée. Pourtant Jésus l’appelle, sans attendre un mot de remords ou de contrition… La concision du récit ne nous permet nullement d’entendre une parole de conversion. Tout est dit en deux mots : ‘suis-moi’ et un geste : Matthieu quitte son bureau pour suivre Jésus. Ce relèvement exprime sa foi, sa conversion, sa guérison. Et il n’a suffi que d’une parole.

 

Prendre place avec lui

Contrairement à Marc et Luc, Jésus n’est pas reçu chez le publicain. C’est en sa maison, à sa table que ces pécheurs et collecteurs d’impôts se rendent. J’ai souligné lors du précédent passage, que cette maison de Capharnaüm, dans l’évangile de Matthieu, n’est pas seulement un lieu de séjour de Jésus. Elle est devenue le symbole du Règne où s’exprime l’autorité de sa parole de salut. Finalement, la version de Matthieu est plus provocatrice que celles de Marc ou Luc. Jésus accueille sous son toit, au milieu de ses disciples, le monde impur des pécheurs. Pire encore, il partage son repas avec eux provoquant la remarque des pharisiens, cercle religieux soucieux de la pureté. Jésus se compromet-il avec ce monde de pécheurs publicains, ce monde du péché, de l’impureté et proche des nations idolâtres. Sa maison, celle des disciples est-elle un lieu devenu impur ?

Avant de laisser la parole à Jésus, nous pouvons remarquer qu’en ce passage de Matthieu, les pécheurs et publicains viennent à la maison de Jésus. Comme si l’appel de Matthieu avait ouvert une porte de salut à ceux qui en était exclus en raison de leur activité, certes peu recommandable à l’époque. Ils viennent à Jésus et prennent place à sa table. Comme si déjà, ils étaient relevés.

 

 

Une nouveauté

Face à la remarque des pharisiens, fait de sa maison non pas un simple lieu de repas, mais un lieu de guérison. Pour les pharisiens, tout homme pécheur est appelé à se convertir, à faire œuvre de contrition devant Dieu, au Temple, par des sacrifices et des bains de purification. Dès lors ensuite, il rejoint la table des croyants. Les sacrifices précèdent la communion. Mais Jésus n’a pas attendu. Les pécheurs à sa table sont déjà guéris, non en raison de rites, mais en raison de sa Parole qu’ils ont écoutée et qui les a rassemblés.

Pour une seconde fois, le Temple est relégué en arrière-plan. Jésus a déjà remis les péchés en lieu et place de sacrifice, et voilà qu’il récidive encore. Sa maison, symbole de l’avènement de son règne, est une maison de miséricorde. L’action du Christ et de Dieu précède maintenant l’action du repenti, ou plutôt qui suscite le repentir. Son appel, sa voix est celle qui vient déjà relever. Il y a là une réelle nouveauté.