21 mars 2025.
Vendredi de la 2ème Semaine du Carême
Mt 21, 33-43, 45-46.
L’Évangile de ce jour est une parabole dans laquelle un Maître de maison a pris grand soin d’une vigne qu’il a planté, pour laquelle il a fait des constructions pour la protéger des prédateurs et pour s’assurer de sa viabilité. Ensuite, il l’a louée à des hommes de métier pour qu’ils la travaillent et lui permettent de porter des fruits.
Ceux-ci ne sont donc ni des esclaves, ni des propriétaires, mais des salariés qui cherchent du travail et qui, grâce à ce Maître reçoivent une somme équitable en contre partie de leur activité agricole.
Le Maître quant à lui n’est pas continuellement derrière eux pour les surveiller, bien au contraire, il part en voyage et leur fait confiance.
A l’inverse, ces ouvriers, livrés à eux-mêmes s’accaparent la vigne et refusent au Maître le titre de propriétaire en frappant et tuant ses envoyés pour ne pas avoir à lui restituer le fruit de la récolte !
Le Maître de la vigne, au lieu de les punir, veut leur faire découvrir qu’il aime cette vigne et qu’il y tient ; il dépêche alors auprès d’eux ce qu’il a de plus cher, son propre fils : « Ils respecteront mon fils ». Bien au contraire, ils tuent son fils pour s’emparer de la vigne !
Dans ces quelques versets, le Christ dépeint la situation qu’il vit au milieu de son peuple, du peuple d’Israël, la Vigne du Seigneur !
Le Père a tout fait pour Israël, depuis le jour où il l’a libéré de l’esclavage en Égypte en le conduisant, en le nourrissant, pendant quarante ans dans le désert, jusqu’à lui donner sa propre Loi, la Torah, pour qu’il ne retombe pas dans l’esclavage (non plus celui du pharaon, mais celui des passions humaines) ; il a sans cesse actualisé cette Loi, par l’enseignement des Prophètes et des Ecrits de Sagesse, afin que celle-ci devienne une Loi intérieure qui parle au cœur et manifeste l’Alliance d’amour que Dieu, notre Père, a voulu instaurer avec son peuple.
Les hommes étant pourtant toujours insensibles à l’amour de leur Créateur, Dieu a voulu venir vivre au milieu de son peuple en envoyant son Fils, Jésus, qui accomplit ce plan d’amour, Lui, le Fils du Père ! Il a voulu que, par l’amour du Verbe fait chair, les hommes comprennent enfin qu’ils ne sont ni esclaves, ni mercenaires, mais fils dans le Fils : fils du Père et frères de Jésus, porteurs du même Esprit que celui du Père et du Fils, l’Esprit Saint.
Au lieu de cela, Jésus est rejeté par les grands prêtres et les pharisiens, les hommes les plus religieux de ce temps, qui lui refusent le titre d’envoyé de Dieu et, plus encore de Fils du Père et qui se préparent à le livrer aux romains pour qu’il soit crucifié.
Aujourd’hui, entendons cette parabole dans toute la force de son propos : il en va de nous comme d’Israël car l’humanité est tout entière solidaire du péché d’Adam ; en effet, nos existences sont marquées par l’amour de Dieu depuis le fait que nous sommes vivants, que nous avons reçu le don de la foi, que nous avons une famille, des dons et des capacités personnelles… que nous sommes aimés d’un amour personnel… et pourtant !
Parce que nous oublions cet amour (voire que nous n’y croyons pas vraiment) nous nous accaparons nos dons comme étant des réalités à protéger et à défendre coûte que coûte envers et contre tous, c’est alors que, paradoxalement, nous détruisons nos multiples dons en nous auto détruisant.
Comment Dieu nous sauve-t-il en Jésus-Christ ? En nous révélant que Dieu ne veut pas nous aliéner ou nous empêcher de vivre, mais qu’au contraire il a versé son sang pour nous ouvrir les yeux et nous apprendre que nous sommes bien plus que des serviteurs, nous sommes les fils du Père, les frères de Jésus ! Accueillir ce message, c’est passer de la mort (le repliement sur soi) à la vie (le don de soi et la confiance totale en l’amour divin).
On comprend dès lors pourquoi, au VIe siècle, saint Benoît, au chapitre 72 de sa Règle, donne aux moines comme principe de vie de « ne rien préférer à l’amour du Christ ». Bien avant lui, saint Cyprien, évêque de Carthage en Afrique, avait déjà écrit : « Aimer en lui le Père, et craindre le Dieu. Ne rien préférer au Christ, car il nous a préféré à lui. À son amour s’attacher inébranlablement ; à sa croix se lier indissolublement ».
26 décembre