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19 octobre 2024.

Samedi de la 28ème Semaine du Temps Ordinaire

Lc 12, 8-12

            Tout au long du chapitre 11, Jésus a dénoncé l’hypocrisie des pharisiens et des docteurs de la Loi qui donnent la priorité à l’accomplissement des préceptes de la Loi sur le salut de l’homme et la miséricorde, en agissant ainsi ils dénaturent le sens profond de la Loi de Moïse.

Au chapitre 12, Jésus se tourne vers ses disciples pour leur faire comprendre que le fait de donner la priorité aux hommes sur la Loi attirera sur eux l’hostilité des chefs religieux, voire même pourra entraîner leur persécution.

Arrêtons-nous un instant sur le verset 12 de l’Évangile de ce jour (Lc 12,12) : « Quiconque se sera déclaré pour moi devant les hommes, le Fils de l’homme aussi se déclarera pour lui devant les anges de Dieu ».

– Le contexte nous permet de comprendre ce que Jésus nous dit ce matin par « quiconque se sera déclaré pour moi devant les hommes », quiconque – au lieu de condamner, stigmatiser, le pécheur, le malade, l’exclu … – aura tout fait, comme Jésus l’a fait, pour que cet homme soit sauvé, découvre l’amour de Dieu et se convertisse. En agissant ainsi le disciple montre qu’il est disciple du Christ et qu’il agit ainsi en son nom (se sera déclaré pour Jésus devant les hommes).

– L’expression « le fils de l’homme » désigne ici Jésus lui-même qui reconnaîtra devant les anges, devant Dieu son Père, que celui qui a agi ainsi est son disciple, son frère, le Fils du Père.

– Comment comprendre cette expression étrange pour désigner Jésus et que l’on rencontre à plusieurs reprises dans les Évangiles ?

Dans l’Ancien Testament, l’appellation « fils d’homme » apparaît très souvent comme un synonyme d’homme qui désigne un membre de la race humaine. On pourrait la traduire par « Fils d’Adam ».

Dans le même sens, dans les Évangiles, cette expression est souvent associée à la précarité l’homme, sa fragilité, sa petitesse devant Dieu. Mais elle est aussi mise en lien avec le projet de Dieu : ce petit homme, ce « terreux », Dieu en fait le maître de la création et le comble de ses dons. Le psalmiste peut alors s’écrier, ébahi : « Qu’est-ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui, le fils d’homme pour que tu en aies souci ? » (Ps 8, 5).

Dans le Livre de Daniel qui décrit les événements douloureux pour Israël qui se déroulent de la captivité du peuple juif à Babylone sous Nabuchodonosor, le roi de Babylone, entre 587 et 538 avant JC., jusqu’à l’époque de la domination grecque sous Antiochus IV Epiphane entre 175 et 163 avant JC., l’expression « fils d’homme » apparaît sous la forme « Fils de l’homme » (Dn 7,13) pour désigner le vainqueur des puissances du monde, représentées par autant de bêtes féroces. Le Fils de l’homme est le vainqueur du combat et la royauté universelle lui est remise.

Il est un Livre qui était considéré par les Juifs du temps de Jésus comme un Livre saint, que certaines Églises chrétiennes vont même parfois adopter dans la Bible jusqu’à ce qu’il soit rejeté au IVe siècle.

Sorte de livre apocalyptique, attribué, d’une manière légendaire, à l’arrière-grand-père de Noé, il a été – en fait – écrit au premier siècle avant Jésus-Christ et exerçait une grande influence dans le judaïsme du temps de Jésus. Dans les paraboles du livre d’Hénoch, le fils d’homme est plus qu’un homme, une sorte d’être mystérieux, séjournant auprès de Dieu, possédant la justice. Il doit venir à la fin des temps où il siègera sur son trône de gloire, juge universel, sauveur et vengeur des justes qui viendront auprès de lui après la résurrection.

Revenons à présent à l’Évangile d’aujourd’hui : « quiconque se sera déclaré pour moi devant les hommes, le Fils de l’homme aussi se déclarera pour lui devant les anges de Dieu ».

A la lumière de tout ce que nous venons de dire, une phrase de saint Irénée de Lyon, l’un des Pères de l’Église les plus anciens et les plus importants, devrait suffire à nous donner la clef de ce verset de l’Évangile, il écrivait au second siècle :

« C’est la raison pour laquelle le Verbe s’est fait homme et le Fils de Dieu, Fils de l’homme : afin que l’homme, en entrant en communion avec le Verbe et en recevant ainsi la filiation divine, devienne fils de Dieu » (Adversus haereses 3, 19, 1).

En Jésus-Christ, notre Seigneur, Dieu, s’est fait homme, frère des hommes, désormais Fils de Dieu et Fils de l’homme pour que les hommes deviennent des frères en Lui en s’engageant, parfois au péril de leur vie, à instaurer la fraternité afin que les hommes, eux aussi deviennent fils de Dieu.