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13 février 2025.

Jeudi de la 5ème Semaine du Temps Ordinaire

Mc 7, 24-30

Jésus a quitté son pays, le voilà à Tyr, en terre païenne. Il est là, incognito, il ne cherche pas à se faire connaître, et pourtant… « il ne put rester inaperçu » !

Voilà une femme de ce pays qui vient le solliciter pour la guérison de sa petite fille « possédée par un esprit impur ».

La réponse de Jésus est difficile à entendre : « Laisse d’abord les enfants se rassasier,
car il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens ». Jésus se sait envoyé vers les brebis perdues d’Israël, vers les exclus du judaïsme ; il veut rassembler les fils d’Israël. Il est le Messie annoncé par les prophètes !

Cette parole de Jésus, de prime abord, rude et même inaudible, manifeste en fait la force et la réalité du mystère de son incarnation :

  • Jésus n’a pas fait semblant d’être homme, il l’est tout comme nous ; comme le dit une Préface de la messe : « Il a vécu notre condition d’homme, en toute chose, excepté le péché ». Fils d’Israël, il est enraciné dans son éducation et sa culture religieuse. Il a appris à penser le monde à partir de l’élection d’Israël et de l’histoire sainte.
  • Comme nous le disent les Évangiles de l’enfance : Jésus a grandi, en taille, en sagesse et en grâce… Ne nous représentons pas Jésus, sachant tout à l’avance, mais plutôt comme Celui qui, comme nous, découvre la volonté de Dieu, au fil des évènements. Penser autrement pourrait nous détourner de la vérité de l’incarnation : égal au Père, uni à lui d’une manière inégalée, il a cherché sa volonté dans la réalité de l’expérience humaine. Comme l’a affirmé le concile de Chalcédoine :  vrai homme, vrai Dieu, sans confusion ni mélange des deux natures, sans division, ni séparation, des deux natures. Tel est le paradoxe de la vérité de l’incarnation où Dieu, dans la vérité de son humanité, nous rejoint totalement et parfaitement.
  • Plus profonde que la culture qu’il a reçue, est son obéissance au Père qui lui révèle sa volonté à travers les évènements. A la vue de la foi de cette femme qui se sait païenne et qui fait preuve d’une confiance totale en Lui… toute la théologie de Jésus est en quelque sorte renversée ; la foi de cette femme vient du Père ! Il découvre tout à coup qu’une païenne lui est envoyée par le Père.

« Alors il lui dit : “À cause de cette parole, va : le démon est sorti de ta fille”. »

  • Une autre expérience de vie sera donnée à Jésus avec la rencontre de ce centurion romain qui, comme la syro-phénicienne, fera preuve d’une grande foi en lui. Rappelons-nous ici cette parole de Jésus qui atteste de ce bouleversement théologique : « Jamais je n’ai vu une telle foi en Israël ! »

Rappelons-nous aussi la finale de l’Évangile de Matthieu, lorsque le Christ dit à ses apôtres : « Allez, de toutes les nations et baptisez-les, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ».

Que nous enseignent ces quelques versets ?  Tout d’abord, de nous laisser évangéliser par les hommes et les femmes que nous rencontrons, par tout ce qui en eux nous émerveille, ou plutôt par tout ce que Dieu nous dit de lui-même dans l’altérité de ces rencontres.

Si Dieu lui-même, en Jésus, Christ et Seigneur, pour nous rejoindre et pour nous sauver, a accepté d’apprendre la volonté du Père, certes dans la méditation de sa Parole, mais aussi dans ses rencontres avec les hommes et les femmes de son temps, gardons-nous de tout jugement, de toute idée reçue, qui nous fermerait à la connaissance de la volonté de Dieu sur nous !