Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

8 décembre

8 décembre 2024.

Commentaire RB 43, 8-12

8 En effet, s’ils restent en dehors de l’oratoire, il peut arriver qu’un frère retourne se coucher pour dormir. Ou encore, il peut s’asseoir dehors et passer son temps à bavarder. Ainsi il donne à l’esprit mauvais l’occasion de le faire tomber.

9 Donc il vaut mieux que les retardataires entrent à l’oratoire. Alors ils ne perdent pas tout l’office et, de plus, ils peuvent se corriger.

10 Pendant la journée, les frères qui arrivent au Service de Dieu après le verset et après le « Gloire au Père » du premier psaume qui suit le verset, se mettent à la dernière place, comme nous l’avons dit plus haut.

11 Et ils ne se permettent pas de chanter les psaumes avec les frères avant d’avoir réparé leur faute. Mais si l’abbé leur pardonne et leur permet de chanter, ils le font.

12 Pourtant, même dans ce cas, le coupable réparera sa faute.

Dans les versets 8 et 9, après avoir parlé de la sanction qui attend le frère qui arrive en retard, Benoît l’invite à venir tout de même à l’Office, de ne pas – par peur de l’humiliation – rester en dehors de l’oratoire. Même s’il est en retard, qu’il vienne à l’Office… il pourra ainsi entendre quelque chose de la Parole de Dieu dit Benoît !

Dans les versets 10 à 12, Benoît reprend la même idée à propos des offices de la journée et il réitère les mêmes recommandations : même si tu es en retard, viens à l’Office, ne fais pas autre chose que ce qu’il faut faire à ce moment-là.

Que retenir de ces quatre versets ? Benoît nous demande d’être vrai, de ne pas chercher à soigner notre image, à donner l’impression d’être toujours en Règle, mais d’assumer nos faiblesses :

Tu es en retard, demande pardon, prends la dernière place et accepte que ce que tu as fait n’est pas l’idéal, mais viens quand même à l’Office car c’est le Christ pour lequel tu es entré au monastère que tu vas trouver à l’Office.

Refuser l’humiliation d’être en retard en ne participant pas venir à l’Office, c’est donner plus d’importance à l’image de soi qu’au désir spirituel de la rencontre avec le Christ.

On a là un élément capital de ce qu’est notre spiritualité bénédictine : ce qui est dit aussi de l’Office se retrouve dans bien d’autres domaines de notre vie monastique… Réussir ou échouer, ce n’est pas le plus important ; ce qui est essentiel, c’est de marcher avec mes frères, avec mes limites, pour aller vers celui qui nous aime et qui nous attire vers Lui.

Lorsque le frère est sanctionné, il perd son rang en communauté (non stet in ordine suo en latin, « il n’est plus à sa place »).

Dans la communauté, où chacun a une place précise qui lui revient, le rang de profession signifie estime et considération, et confère à chacun son importance au sein de la communauté. La perte temporaire du rang signifie une exclusion significative.

Pachôme recourt plusieurs fois à cette sanction dans ses Règles, de fait l’ancienneté joue dans les monastères un rôle important.

Le sens de cette sanction est clairement indiqué par saint Benoît (videantur), c’est pour être vu.

Ce moment de honte n’est pas fait pour humilier le frère aux yeux de tous, mais ce frère de lui-même accepte de se mettre au dernier rang de lui-même à cause de ce qu’il a fait, il accepte de prendre la dernière place en signe d’humilité.

L’humilité joue un rôle considérable et incontournable dans la Règle : ne pas être humble, c’est ne pas être vrai, être incapable de reconnaître ses torts… à ce moment-là, la conversion est impossible.

Ici, le retardataire montre son humilité en faisant une pénitence publique, en perdant ses titres.

Le but est clairement affirmé par Benoît au verset 7, c’est l’amendement, c’est-à-dire la reconnaissance humble de sa faute, quelle qu’elle soit.