30 janvier 2025.
Commentaire RB 62, 5-11
5 Il (le prêtre en communauté) considérera toujours que son rang est celui de son entrée au monastère.
6 Mais il y a deux exceptions : quand il célèbre l’Eucharistie, et si le choix de la communauté et la volonté de l’abbé décident de le placer plus haut parce que sa conduite le mérite.
7 Malgré tout, ce frère prêtre doit le savoir : il pratiquera la règle établie pour les doyens et pour les seconds du monastère.
8 S’il se permet d’agir autrement, on le jugera non pas comme un prêtre, mais comme un moine rebelle.
9 Si on l’a averti souvent et s’il ne change pas, alors on prendra l’évêque lui-même comme témoin.
10 Si, malgré tout, il ne se corrige pas, puisque tout le monde connaît ses fautes, on le mettra à la porte du monastère.
11 Mais pour qu’on arrive à cela, il faut qu’il soit vraiment têtu et qu’il refuse de se soumettre et d’obéir à la Règle.
« Le prêtre en communauté considère que sa place en communauté est celle de son entrée au monastère ».
Ce verset de la Règle est important non seulement pour les prêtres, mais pour tous les frères. Le jour le plus important de ma vie est celui où j’ai décidé de me convertir. Ce n’est pas ce que je fais en communauté qui compte, c’est ma conversion !
Un frère n’a pas plus de valeur en communauté parce qu’il est doué et plein de qualités, et un autre moins de valeur parce qu’il a moins de dons et moins de qualités, cela n’a rien à voir avec la valeur du frère, alors Benoît donne ce critère purement extérieur, celui de l’entrée au monastère.
Les anciens savent bien que ce n’est pas parce que l’on a 60 ans de vie monastique que l’on est converti et les jeunes voient les défauts des anciens.
Alors Benoît nous dit que les anciens doivent « aimer les jeunes » car la vie de communauté est fondée sur l’amour, et l’amour des frères nous l’apprenons en menant le combat spirituel, en nous convertissant. C’est en essayant de se convertir que, peu à peu, nous découvrons étonnés que Dieu commence à nous rendre capable d’aimer davantage.
Benoît dit aux jeunes qu’ils doivent « vénérer les anciens » ; non pas parce qu’ils seraient parfaits ou des modèles comme s’ils étaient complètement convertis, mais parce que les jeunes ne doivent jamais oublier que c’est grâce à ces anciens que le monastère existe encore et qu’ils peuvent trouver un lieu et une communauté pour se convertir et découvrir des richesses et des trésors d’humanité.
Lorsque dans une communauté, tous les frères sont pleins d’humanité entre eux, c’est-à-dire d’amour et de vénération, de respect, chacun est heureux à la place qui est la sienne, il n’y a pas la jalousie, il n’y a pas la peur qu’un jeune me prenne la place ou qu’un ancien me domine, il y a seulement le bonheur de vivre ensemble et la paix dans la communauté.
« Sauf pour le service de l’autel ».
Aurait-on là, dans cette brève assertion, la compréhension de la spécificité du rôle du prêtre dans un monastère ?
« Officium altaris » (le service de l’autel). Le prêtre remplit un office, un service d’autel. Ce service est différent des autres services, car il est d’un autre ordre que le service des tables par exemple. Reçu par l’ordination et par l’imposition des mains ce service associe plus étroitement chaque prêtre au ministère du Christ Tête et Berger de son Peuple… Le prêtre prend part de façon spéciale à la mission du Christ donné et livré pour le salut de tous.
De ce fait, le prêtre uni au Christ serviteur fait signe de ce sacerdoce nouveau, selon Melchisédech, qu’a exercé le Christ en s’offrant lui-même. Le sacerdoce est d’un tout autre ordre que celui de l’Ancien Testament puisque celui qui offre est lui-même offrande et lieu du sacrifice. C’est ce que chacune de nos eucharisties nous engage à vivre sous la conduite du prêtre.
Le prêtre qui préside au nom du Christ Tête rassemble toute la communauté Corps du Christ. Il entraîne celle-ci en faisant mémoire de la Passion et de la Résurrection du Christ, à rendre grâce au Père et à s’offrir, elle-même unie à l’offrande du Christ.
Tel est le beau service de la communauté que le prêtre remplit à l’autel. Service unique mais vrai service, cela veut dire pour celui qui l’accomplit, qu’il ne doit jamais oublier de la vivre comme tel. Plus que l’étole, le prêtre doit aussi avoir à cœur de se « revêtir de l’habit du serviteur, de cette tenue d’humilité et de disponibilité pour que l’œuvre de Salut se réalise effectivement.
Être moins préoccupé de lui-même, de ses possibilités ou de ses faiblesses que d’être à l’écoute de la Parole et de servir selon ce que la liturgie propose. Ce service est une vraie école d’humilité. Encourageons-nous et encourageons les frères prêtres pour qu’ils vivent simplement et avec joie ce beau service.
Commentaire RB 2,4-6